samedi 12 février 2011

L’œil de Google ausculte les plus beaux tableaux des grands musées

Ce dispositif est-il révolutionnaire ?

 Google Art Project permet aux internautes de flâner virtuellement dans certaines salles de 17 musées (1) à travers le monde. Sa particularité, par rapport à d’autres dispositifs, est d’avoir intégré les œuvres numérisées au sein de Google Street View, le site qui permet de visualiser à 360° les rues de très nombreux pays.

Un procédé particulièrement intéressant pour le château de Versailles. « Le plus important, ce ne sont pas les œuvres, c’est leur lien avec le bâtiment, souligne Jean-Jacques Aillagon, président de l’établissement public du château de Versailles. Le Repas chez Simon le Pharisien de Véronèse ne peut se voir que dans le contexte du salon d’Hercule dans lequel il est accroché. »

Autre atout du site de Google : la haute résolution. Une fonctionnalité déjà utilisée sur de nombreux sites de musées comme celui du Louvre. Mais Google va plus loin. « Chaque musée a choisi un tableau photographié en 7 gigapixels, mille fois plus qu’un appareil photo standard, explique Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, porte-parole de Google France. On peut y voir la moindre trace de pinceau. »

Le portrait de Marie-Antoinette par Vigée-Lebrun, Dans la serre de Manet, La Nuit étoilée de Van Gogh ont reçu ce traitement de faveur. Les œuvres reproduites relèvent du domaine public ; les autres, soumises au versement de droits d’auteur, restent floutées.

Prochaine étape du projet entièrement financé par le géant américain sans contrepartie financière versée aux institutions : une traduction française des nombreuses informations disponibles (histoire des œuvres et musées, biographies des artistes, etc.).

Pourquoi le château de Versailles est-il le seul musée retenu pour la France ?

Le Louvre, premier musée au monde en termes de fréquentation (8,5 millions d’entrées en 2010, loin devant le British Museum), ne fait pas partie des institutions partenaires. Il indique avoir été contacté par Google en 2009 mais a décliné sa proposition, car le projet était encore flou. Le Louvre n’a toutefois pas fermé la porte à Google, souligne-t-on.

Jean-Jacques Aillagon est pour sa part satisfait d’être le seul établissement français à y figurer. « Je tenais beaucoup à ce que nous soyons les seuls, pour le symbole, confie l’ancien ministre de la culture. Nous avons cette singularité d’être un vrai monument, ce que ne sont pas les autres musées. » « À terme, nous recherchons l’exhaustivité », signale Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, qui précise néanmoins qu’aucun pourparler n’est actuellement en cours avec d’autres musées.

Ce système peut-il concurrencer les visites traditionnelles ?

« Se demande-t-on si un reportage sur une exposition concurrence la visite de l’exposition ?, observe Agnès Alfandari, chef du service multimédia du Louvre. Les études montrent que les pratiques culturelles sont cumulatives : les internautes qui fréquentent ces sites auront davantage envie de se rendre dans le musée. » « L’émotion ressentie n’est pas la même face à un vrai tableau, à l’intérieur d’un musée, résume la porte-parole de Google. Nous voulons simplement donner envie et mettre en appétit ».

Morgan BOURVEN (avec Stéphane DREYFUS)

(1) Alte Nationalgalerie (Berlin), Freer Gallery of Art (Washington), Musée Thyssen-Bornemisza(Madrid), MoMA, The Museum of Modern Art (New York), Gemäldegalerie (Berlin), Musée Kampa (Prague), National Gallery (Londres), Musée Reina Sofia (Madrid), Tate Britain (Londres), The Metropolitan Museum of Art (New York), Musée de l'Ermitage (Saint Pétersbourg), Galerie Uffizi (Florence), la galerie d'État Tretiakov (Moscou), le château de Versailles (Versailles), Rijksmuseum (Amsterdam), The Frick Collection (New York), musée Van Gogh (Amsterdam)
SOURCE:LA CROIX

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