samedi 12 février 2011

Les sites de questions-réponses ont le vent en poupe


« Pose une question et je trouverai quelqu’un pour répondre. » Telle est l’invitation lancée en anglais sur la page d’accueil du site Internet américain Aardvark. En février dernier, ses créateurs avaient soumis aux organisateurs de la conférence WWW2010 une présentation de leur site novateur en matière de « recherche sociale ». Ni une ni deux, Google l’a racheté.

Concrètement, Aardvark est un site de questions-réponses. Contrairement aux moteurs de recherche, qui découpent la requête d’un internaute en mots clés, puis renvoient la personne vers d’autres sites, Aardvark cherche à mettre en contact le demandeur et une personne capable de lui répondre. Sa particularité : il opère un tri des personnes susceptibles d’avoir une bonne réponse. Puis il envoie la requête aux personnes qu’il a choisies.

5,6 millions de visiteurs uniques

« Il existe une vaste catégorie de questions subjectives – plus longues, contextualisées, faisant appel à des conseils – auxquelles la recherche sociale répond mieux que la recherche en ligne classique », expliquaient dans leur présentation les créateurs d’Aardvark, citant par exemple la recherche de « bons plans ». Les moteurs de recherche sont irremplaçables du fait de leur rapidité, mais ils ne peuvent répondre aux requêtes nécessitant de l’échange.

Si Aardvark n’est pas encore disponible en français, d’autres sites de questions-réponses officient en France. La plupart sont des forums spécialisés, tel Commentcamarche.net (pour l’informatique).

L’expérience la plus aboutie à ce jour en français est celle de Yahoo! (5,6 millions de visiteurs uniques en France en octobre, selon le cabinet NNR). Lancé mondialement en juin 2006, Yahoo! Questions/Réponses fonctionne comme une sorte d’eBay de l’information (mais gratuit).

Gagner en importance dans la communauté

« Nous ne sommes pas un forum, précise Grégory Camacho, responsable des communautés chez Yahoo! France. Nous encourageons les discussions libres mais notre priorité reste que les gens obtiennent une réponse pertinente le plus rapidement possible. »

D’où la règle du jeu : à une question posée, des dizaines de réponses peuvent affluer dans les minutes suivantes ; la communauté évalue leur pertinence et la réponse la mieux cotée est mise en valeur. Quant à son auteur, il gagne en importance dans la communauté.

Mais les réponses sont à prendre avec précaution. Un étranger cherchant la correction à son texte rédigé en français s’est vu conseiller, dans la réponse jugée la plus pertinente, de mettre un adverbe au pluriel !

Facebook se lance dans la course

Sur la page d’accueil, Yahoo! se dédouane « des éventuels dommages subis du fait de la confiance que vous auriez accordée à des réponses ». « Nous essayons d’être honnêtes, explique Grégory Camacho. Nous ne pouvons remplacer ni le médecin ni le garagiste, mais nous cherchons à créer un espace sûr pour le plus grand nombre. »

La recherche sociale est en expansion : en attendant de voir ce qu’Aardvark deviendra chez Google, Ask.com est en train de fusionner son propre moteur de recherche avec son service de questions-réponses. Deux anciens employés de Facebook ont également lancé Quora, pour l'instant accessible seulement par invitations, mais qui ne cesse de faire couler de l'encre et recenserait déjà 500 000 utilisateurs.

Mais quelque chose d’immensément plus gros se prépare peut-être : «Facebook Questions». Une technique proche d’Aardvark, avec un détail en plus : 500 millions de porteurs de réponses potentiels dans le monde, dont Facebook connaît déjà les goûts et les fréquentations.
Igor GAUQUELIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire