jeudi 20 janvier 2011

L'Égypte craint la contagion

L'Égypte craint la contagion
Le 19 janvier, au sommet arabe de Charm el-Cheikh, le président Hosni Moubarak a déclaré :
"Notre action économique commune doit accorder la priorité absolue à la création d'emplois. Nous devons lutter contre le chômage et la misère." Cette double exigence a une consonance particulière dans un pays où cinq Égyptiens ont tenté de s'immoler par le feu en moins de trois jours. Il y a eu un mort et quatre blessés. De tels actes donnent la mesure du désespoir d'une frange de la société face aux problèmes quotidiens.

Le suicide par le feu du jeune Tunisien en décembre 2010 semble inspirer d'autres malheureux, et la révolution du jasmin pourrait avoir un effet domino. "Pas en Égypte", affirment plusieurs cadres du parti national démocrate au pouvoir. À leurs yeux, les subventions accordées par le gouvernement répondent aux besoins de la classe modeste, et le plan social du président Moubarak est de protéger les plus défavorisés. 
Opposition 
Mais depuis Vienne, Mohamed El Baradei, ancien patron de l'AIEA, prévient : "Après la révolte populaire en Tunisie, un changement de régime est inévitable en Égypte." Et de fait, les Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition, soulignent : "La révolution tunisienne montre que les dirigeants arabes doivent entendre la voix sage de leur population, et ne pas prêter l'oreille aux hypocrites qui leur font croire que tout va bien." 
De son côté, le porte-parole du Front démocratique prévient : "Une seule étincelle pourrait voir se reproduire en Égypte les événements tunisiens." Un avis qui n'est pas partagé par tous les partis égyptiens d'opposition. Pour Rifaat al-Saïd, président du parti de gauche Al-Tagamouh (le rassemblement), "le scénario tunisien ne peut pas se reproduire en Égypte, la situation dans les deux pays n'étant pas du tout la même".
Chômage 
Ces différentes analyses démontrent qu'un malaise agite la société. La classe bourgeoise sait bien que 40 % des Égyptiens gagnent moins de 2 dollars par jour, soit le seuil de la pauvreté. Le taux de chômage officiel est de 9,8 %, le régime présidentiel est autoritaire et la loi d'urgence instaurée depuis l'assassinat d'Anouar el-Sadate permet les arrestations préventives de quinze jours, maintes fois renouvelables dans l'attente d'un jugement. D'autre part, de nombreuses manifestations ont eu lieu en 2010. Depuis celles qui réclamaient un changement constitutionnel jusqu'aux manifestations relatives à la pénurie d'eau, à la hausse des salaires ou la révolte contre le nouveau parlement, "illégitime" selon l'opposition.
Le 18 janvier dernier, Youssef Boutros-Ghali, ministre des Finances, a rassuré la population : en dépit de la flambée des prix internationaux, celui des produits subventionnés ne sera pas modifié. C'est déjà une assurance de stabilité, mais la plus importante est celle d'une armée fidèle au régime.

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