En voyant l'entête de la lettre à travers la fenêtre de l'enveloppe mentionnant: «Succession de Mme Micheline Lemay», Mme Lemay s'est d'abord réjouie. «Dis-moi pas que quelqu'un m'a couchée sur son testament et que j'ai un héritage!», s'est-elle exclamée.
L'enchantement a toutefois vite fait place à l'incrédulité. «Monsieur, nous avons été informés que Mme Micheline Lemay est décédée le 1er novembre 2010. Veuillez accepter nos condoléances», a-t-elle lu ensuite dans la lettre de la Sécurité de la vieillesse destinée à son mari, reçue le 15 décembre (bien que datée du 25 novembre). «Ben voyons! Chu morte! Chu morte!», a vivement réagi la dame, ahurie.
«Je n'ai pas réfléchi dix secondes, j'ai téléphoné tout de suite (aux numéros indiqués sur la lettre)», raconte-t-elle en entrevue. On s'excuse de l'erreur et on lui répond alors qu'il s'agit d'un cas urgent, à régler immédiatement. «Ça a pris deux jours avant qu'on me rappelle pour me dire que tout était correct», poursuit la dame.
Sécurité de la vieillesse
La Sécurité de la vieillesse a toutefois mis moins de temps pour retenir les revenus de pension du mari de Mme Lemay «à cause de (son) décès», dit-elle.
Bien qu'on ait affirmé à la dame, le 15 décembre, que l'erreur était corrigée au service de la Sécurité de la vieillesse, son mari s'est vu amputer un montant de 140 $ de son chèque de pension le 22 décembre dernier, sans que rien lui ait été remboursé par la suite. «Ça fait deux semaines que l'erreur est censée être corrigée!», s'indigne la dame.
Pour expliquer cette erreur, on lui aurait dit au téléphone qu'il pourrait s'agir d'une «erreur de frappe» survenue au moment d'entrer le numéro d'assurance sociale de la personne décédée dans le système du service de la Sécurité de la vieillesse. Cela signifierait, a observé Mme Lemay, qu'il y a un vrai mort pour qui aucune lettre n'a été envoyée.
De plus, Mme Lemay doit partir au Mexique à la fin du mois de janvier pour y célébrer en famille le mariage de son fils aîné. «Il ne faut pas que j'aie de problème avec mon passeport!, s'inquiète-t-elle. Il y a 31 personnes qui montent là.»
Pour être rassurée, Mme Lemay a téléphoné de nouveau à la Sécurité de la vieillesse. «Je voulais juste une confirmation que c'est une erreur, que je suis bien vivante, encore dans le système», explique-t-elle.
Or, la chose n'a pas été possible. «Ils m'ont dit: Ben là, Madame, adressez-vous au service des données», sans plus d'informations sur la façon de joindre ce service, relate Mme Lemay. «Pourquoi c'est moi qui dois courir en téléphonant d'une place à l'autre pour corriger leur erreur?», demande-t-elle, non sans colère.
Une employée de la Sécurité de la vieillesse jointe par La Voix de l'Est hier a indiqué ne jamais avoir été témoin de ce genre d'erreur auparavant, et que «la seule chose» que le service pourrait faire pour rassurer la dame était d'«envoyer un courriel» confirmant que l'erreur était corrigée, a indiqué Nathalie, qui n'a pas voulu dévoiler son nom de famille. Cette dernière n'a pu indiquer ce qui pouvait être à l'origine d'une pareille erreur.
Survivante du cancer
Ce qui n'est peut-être qu'une simple bévue pour Service Canada a eu des échos douloureux pour Mme Lemay. «Le soir (de la journée où elle a reçu la lettre), je me sentais vraiment drôle, confie-t-elle. J'étais à l'envers pendant deux, trois jours. Je ne trouvais pas ça drôle.»
C'est que cette annonce morbide a fait ressurgir des émotions difficiles, liées aux deux cancers du sein qu'a traversés Mme Lemay, le dernier s'étant manifesté il y a une dizaine d'années. «Ça m'a remuée bien, bien fort», dit-elle.
Service Canada n'a pas été en mesure de répondre à notre demande d'entrevue hier.
presse canadienne
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