Le président Shimon Peres et le ministre de la Défense, Ehud Barak, exhortent Nétanyahou à combler rapidement le vide créé par le blocage total des négociations avec l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
À l'approche de l'échéance de septembre, Benjamin Nétanyahou se prépare à présenter une initiative lors d'un discours devant le Congrès américain fin mai. Selon certains commentateurs israéliens, ces propositions visent surtout à s'assurer du soutien des parlementaires américains au cas où le président Barack Obama présenterait un plan de paix alternatif.
«Si nous ne voulons pas de plans (de paix) étrangers, le meilleur moyen est de présenter notre propre projet, et si nous agissons ainsi, les autres s'abstiendront de proposer le leur», a plaidé vendredi le président Peres, reçu récemment à la Maison-Blanche par Obama.
Ehud Barak a adopté un ton encore plus alarmiste. «Nous allons faire face à un tsunami diplomatique dont la population israélienne n'a pas conscience», a-t-il averti.
«Il y a un mouvement international pour la reconnaissance d'un État palestinien dans les frontières de 1967», a prévenu le ministre de la Défense. Un tel État supposerait un retrait israélien de toute la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Sur le front international, le «printemps arabe» se traduit également par des pressions sur Israël.
«Les Européens notamment ne cessent de nous dire qu'Israël doit faire des concessions pour répondre à la vague de contestation dans les pays arabes et relancer les négociations avec les Palestiniens, comme si les deux dossiers étaient liés», confie à l'AFP un haut responsable israélien sous couvert de l'anonymat.
«Ces mouvements devraient plutôt nous inciter à faire preuve de prudence et attendre de voir à quoi ils vont aboutir», estime ce responsable.
Sans vouloir détailler le plan qu'il compte présenter, M. Nétanyahou semble enclin à suivre cette voie.
Il a d'ores et déjà établi une liste de «lignes rouges» qu'il n'est pas prêt à franchir. Tout en se déclarant d'accord avec l'idée d'un État palestinien «démilitarisé», il préconise l'annexion des grands blocs d'implantation où vit la majorité des 300 000 colons juifs de Cisjordanie et le maintien d'une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain.
Nétanyahou écarte toute concession sur Jérusalem-Est, annexée par Israël et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État. Il refuse le moindre «droit au retour» des réfugiés palestiniens.
Selon les médias, le Premier ministre israélien serait tout au plus d'accord pour un retrait militaire partiel de Cisjordanie qui permettrait à l'Autorité palestinienne d'étendre sa zone de juridiction, tout en levant des restrictions à la circulation des biens et des personnes dans ce territoire.
Pour les Palestiniens, de telles propositions sont d'ores et déjà «inacceptables». Ils sont déterminés à obtenir à l'ONU la reconnaissance de la Palestine sur les lignes de 1967.
«Je ne vois pas les Palestiniens revenir à la table des négociations», a récemment dit à l'AFP le vice-Premier ministre israélien, Dan Méridor.
Côté palestinien, le négociateur Nabil Chaath juge «impossible d'avoir des négociations» car «Nétanyahou n'est pas sérieux». Et il estime qu'Obama «n'est pas en position d'avoir vraiment un projet important parce qu'il faudrait faire pression sur M. Nétanyahou».