lundi 21 mars 2011

L'Occident a-t-il raison d'attaquer Kadhafi?

Avec l'approbation du conseil de sécurité de l'ONU et de la Ligue arabe, les... (Photo: Reuters)
La Presse
Avec l'approbation du conseil de sécurité de l'ONU et de la Ligue arabe, les forces françaises, anglaises et américaines ont commencé à attaquer l'armée du colonel Kadhafi. Cette intervention est-elle justifiée? Le Canada fait-il bien de participer à cette opération? L'objectif devrait-il être limité à la protection de la population libyenne, ou bien aller jusqu'au renversement du régime Kadhafi?

Justin Massie

Professeur adjoint à l'École supérieure d'Affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa et chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes de l'Université du Québec à Montréal.
L'OBJECTIF VÉRITABLE
Le Canada, aux côtés de ses alliés traditionnels, est désormais en guerre contre la Libye. Tout comme lors des guerres d'Irak (1990-91), du Kosovo et d'Afghanistan, le Canada souhaite être aux premiers plans des opérations militaires menées par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Le Canada n'a pas d'intérêts menacés en Libye ; le « devoir moral » de protéger la population libyenne, sur lequel insiste le premier ministre Harper, sert à justifier l'objectif sous-jacent des États-Unis et de l'Europe : un changement de régime. Les premières frappes contre la Libye ont déjà contrevenues au mandat onusien de la mission, selon la Ligue arabe, l'Union africaine, la Russie et la Chine : elles ont causées la mort de civils. Quant à l'objectif de contraindre Kadhafi à accepter un cessez-le-feu, les États-Unis et l'Europe ne pourraient accepter ce que cela sous-entend : un accord politique entre Kadhafi et le Conseil national libyen, permettant au premier de préserver une partie de son pouvoir. Si donc un changement de régime est réclamé, il reste à voir si de seules frappes aériennes suffiront à renverser le régime libyen. Et advenant un succès, comment assurer la paix sans troupes au sol?

Jean Dorion

Député de Longueuil-Pierre-Boucher et porte-parole du Bloc Québécois en matière d'Affaires étrangères - Asie-Pacifique.
LE BLOC APPUIE L'ENVOI DES CF-18
Comme il s'agit d'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU, donc d'une intervention militaire multilatérale, et que le Premier ministre Harper s'est engagé à en débattre la semaine prochaine à la Chambre des communes, le Bloc Québécois appuie  l'envoi de chasseurs CF-18 afin de faire respecter la zone d'exclusion aérienne. C'est d'ailleurs  Gilles Duceppe  qui a suggéré au Premier ministre d'entériner cette décision en faisant voter la Chambre des communes sur une motion qui aurait, bien sûr, l'appui du Bloc Québécois.
La communauté internationale a la responsabilité de protéger les civils lorsqu'ils sont attaqués. Les actes de violence auxquels s'est livré le régime Kadhafi contre la population libyenne doivent cesser immédiatement.
Quant à la suite des choses, le Premier ministre s'est engagé à consulter l'opposition  si le déploiement  se prolonge au-delà de trois mois. Le Bloc Québécois a toujours exigé du gouvernement que ce dernier consulte la Chambre des communes avant d'autoriser toute intervention militaire à l'étranger. Pour une fois, le gouvernement Harper semble vouloir respecter l'institution démocratique qu'est le Parlement!

Robert Asselin

Directeur associé de l'École supérieur d'affaires publiques et internationales
NÉCESSAIRE ET JUSTIFIÉE
L'intervention était nécessaire et justifiée. La doctrine de laResponsabilité de protéger établit clairement que la communauté internationale a une responsabilité d'intervenir lorsque des massacres sont commis sur des peuples par leurs propres dirigeants. En s'assurant dans un premier temps d'obtenir une résolution claire du Conseil de sécurité de l'ONU, le Président Obama s'est clairement démarqué de son prédécesseur en inscrivant l'offensive militaire dans une logique multilatérale. Même s'il est évident que l'armée américaine a joué un rôle de premier plan dans la stratégie de déploiement et qu'elle constitue la principale force de frappe sur le plan militaire, la contribution des autres pays occidentaux n'est pas pour autant symbolique. Puisque l'opération militaire découle d'une résolution claire du Conseil de sécurité et qu'une demi-douzaine de pays, y compris des pays arabes, y participent, le Canada n'avait pas vraiment de bonnes raisons de dire non.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire