Dès Mai 2008, Franck Biancheri, président de Newropeans, anticipait le comportement de Nicolas Sarkozy, dont on voit aujourd’hui l’expression parfaite avec cette opération militaire en Libye où il fait jouer à la France le rôle de simple masque d’une opération conçue et dirigée par Washington, trahissant ainsi les intérêts stratégiques de la France et de l’Europe. Tandis que le président français continue à être la dernière marionnette européenne créée dans les usines Bush/Cheney des années 2000, servant uniquement les intérêts de ses maîtres américanistes, des groupes pétroliers et de défense, contribuant à une évidente tentative de faire échouer les révolutions arabes en réintroduisant l’Occident et ses interventions militaires au milieu de ce qui est avant tout un processus populaire spontané, l’Allemagne, en s’abstenant au Conseil de Sécurité de l’ONU, a au contraire indiqué le chemin de la diplomatie à venir de l’Euroland, qui doit au plus vite entreprendre de débattre de l’avenir du monde avec les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) au lieu d’être le docile roquet de Washington.
S’il y avait la moindre vérité dans les préoccupations "humanitaires" et "démocratiques" du discours légitimant l’intervention occidentale en Libye, nous verrions la même exigence s’imposer pour le Yemen, Bahrein, Oman ... où des civils sont également tués par les forces des dictateurs au pouvoir semblables à Kadhafi.
Si, en France, Nicolas Sarkozy et Bernard Henri-Lévy ont semblé s’entendre sur la nécessité d’une telle action en Libye, ça n’est que parce qu’ils partagent le point commun de n’être que des faussaires : l’un prétend être un homme d’état alors qu’il n’est qu’un petit marquis aux ordres des puissants, et l’autre prétend être un philosophe alors qu’il n’est qu’un animateur de salons parisiens. Et au niveau européen, gardons à l’esprit que le 11 Mars dernier, ce sont les décisions prises concernant la mise en place d’une gouvernance de l’Euroland qui vont façonner notre destin collectif, et non pas la triste mascarade médiatique sur la Libye.
La décision d’attaquer la Libye n’est que le dernier avatar d’un Occident qui s’effondre sous le poids de ses dettes, de sa perte de légitimité morale et de l’absence de dirigeants politiques d’envergure. Suivre Obama, Cameron ou Sarkozy, c’est suivre des dirigeants sans vision d’avenir, sans convictions politiques et sans crédibilité démocratique. Tous les trois font face à des opinions publiques négatives au vu de leurs bilans et décisions désastreuses pour leurs pays.
Et ce sont ces gens-là qui prétendent incarner l’avenir du monde et de l’Occident ! Soyons sérieux un moment.
Le premier n’a même pas été capable de fermer Guantanamo, le second détruit soigneusement l’intégralité du système social et public du Royaume-Uni ainsi que ses forces armées (ironie quand on le voit jouer au chef de guerre), et le troisième a même réussi le tour de force de détruire l’UMP, le parti qui l’a fait élire et qui est désormais en plein effondrement devant le Front national. Ces trois hommes, ces trois faux leaders, ne pouvaient que conduire à leur perte ceux qui leur ont fait confiance.
Nous en avons hélas un nouvel exemple avec l’action militaire sur la Libye, décidée pour "sauver" des "rebelles" que personne ne voit jamais : où sont les images de foules à Benghazi comparables à celles qu’on a vu à Tunis ou au Caire, et qu’on voit à Bahrein, à Saana ? ..., avec un "soutien du monde arabe" qui se limite au Quatar (et qui désormais se heurte à l’opposition de la Ligue arabe). Avoir le Quatar comme preuve du soutien arabe, c’est comme si les USA et la Russie intervenaient ensemble en Europe en se targuant du soutien de Monaco comme preuve de l’acceptation des peuples européens.
Mais, heureusement, "trop de mensonges finit par rendre évidente la vérité".
Ni en Europe, ni aux Etats-Unis les populations ne sont dupes de ce remake de série B de l’invasion de l’Irak en 2003. Propagande médiatique matraquée à longueur de médias, absence de preuves, manque de légitimité de l’intervention, volonté de l’utiliser pour de nombreux motifs cachés, le moindre n’étant pas la soudaine disparition du risque nucléaire japonais des médias occidentaux.
Khadafi est en effet un dictateur et le peuple libyen sera mieux quand il aura disparu de la scène ; mais loin de l’éloigner du pouvoir, cette intervention lamentable américano-anglo-française renforce sa position comme victime de l’Occident honni par les peuples arabes. Elle lui offre des options de nuisance de premier ordre, dont la moindre n’est pas l’ouverture des vannes de l’immigration illégale africaine vers l’Europe. Mais peut-être que c’est aussi une conséquence espérée par les sponsors de cette attaque, qui sur le fond, seraient ravis d’avoir une Europe dirigée par les petits-fils d’Hitler, Pétain, Mussolini, Franco... |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire