vendredi 11 mars 2011

Allergies aux pollens : la saison est ouverte

Allergies aux pollens : la saison est ouverte

Les allergiques n'ont besoin de personne pour suivre les cycles de la nature et déceler l'arrivée du printemps, fût-elle en avance sur le calendrier. Et cette année, ils ont sorti leurs mouchoirs particulièrement tôt. Les responsables des salves d'éternuements, des yeux larmoyants, du nez qui démange et qui coule sont les pollens des arbres, dont la saison démarre en général plus discrètement. Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a d'ailleurs alerté dans son dernier bulletin sur "un risque allergique très élevé" dû aux pollens de cyprès, sur le pourtour méditerranéen. Mais les médecins du Réseau ont aussi signalé, "de façon très particulière, cette année", "une symptomatologie élevée en Ile-de-France, Centre et Pays de la Loire".
"Ces pollens hivernaux sont en plus ou moins grande quantité en fonction des conditions climatiques, mais toujours agressifs", note le docteur Florence Trébuchon, allergologue et asthmologue dans la région de Montpellier, et auteur d'un livre sur le sujet paru hier*. Le redoux récent et des conditions favorables ont accéléré la pollinisation. À cela on peut ajouter le vent, qui disperse ces allergènes sur une zone géographique assez large. De plus, la pollution automobile rend ces pollens encore plus agressifs, facilitant le passage de l'allergie à l'asthme. "Les particules de diesel jouent un rôle de cotransporteurs", précise la spécialiste : "Elles vont s'associer aux pollens, qui deviennent alors plus nocifs au niveau des voies respiratoires et des yeux." Ce qui expliquerait qu'il y ait plus d'allergiques dans les villes qu'à la campagne.
L'arrêt du traitement avant son terme nuit
Fort heureusement, il existe des médicaments efficaces, les antihistaminiques, à condition de respecter la prescription du médecin. "Comme tout malade, l'allergique a tendance à interrompre le traitement quand il va mieux, alors que ce dernier a été prescrit pour toute la période de présence du pollen auquel il est sensible", note Florence Trébuchon. "Or, à chaque arrêt du traitement, le phénomène inflammatoire redémarre, ce qui peut finir par provoquer une moindre efficacité des antihistaminiques." Les spécialistes insistent aussi sur la nécessité de ne pas augmenter les doses si les symptômes empirent, car le bénéfice sera mineur et les effets secondaires risquent d'être majorés. Dans ce cas, mieux vaut consulter pour obtenir un traitement complémentaire.
Quant à la désensibilisation, c'est malheureusement trop tard, en tout cas pour cette année. Ce type de thérapie, qui permet d'induire une tolérance de l'organisme vis-à-vis des pollens, doit être réalisé trois à quatre mois avant l'exposition aux allergènes. Il faudra donc y penser au début de l'automne. Il faut savoir que la désensibilisation est désormais très sûre et efficace. Elle ne se fait plus par des piqûres et en cabinet médical, mais à domicile, avec des gouttes à mettre sous la langue tous les matins. Elle est donc moins contraignante et extrêmement bien tolérée, y compris dès l'âge de cinq ans. D'autre part, les extraits d'allergènes sont de plus en plus purs, et donc performants. Et, chez les enfants, insiste le docteur Trébuchon, "c'est le meilleur moyen actuel permettant de limiter les risques de développer un asthme ultérieurement". Un message que tous les parents d'allergiques devraient entendre.

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