Agitant des drapeaux égyptiens, les manifestants ont commencé à se rassembler dans une atmosphère de fête dans ce haut lieu de la révolte populaire qui a forcé M. Moubarak à mettre un terme à trois décennies de pouvoir sans partage.
«C'est une fête, nous sommes très heureux, Moubarak est parti. Je pense que nous allons revenir toutes les semaines, tous les vendredis», déclare Nasser Mohammed, 50 ans.
La place était toutefois entourée de chars et un cordon de militaires vérifiait les identités aux différents points d'accès. Des membres de comités populaires composés de manifestants assuraient aussi des contrôles.
Mais l'armée participait aussi à la fête, avec un orchestre militaire en grand uniforme jouant des airs patriotiques devant une foule ravie.
M. Moubarak a quitté le pouvoir le 11 février après 18 jours de manifestations massives sans précédent qui ont fait au moins 365 morts selon un bilan officiel.
Il a remis le pouvoir à l'armée qui a suspendu la Constitution et dissous le Parlement tout en s'engageant à préparer un retour à un pouvoir civil élu dans un délai indicatif de six mois.
La «Coalition des jeunes de la révolution», un groupe de militants pro-démocratie qui a participé au déclenchement de la révolte le 25 janvier, a demandé que la manifestation de vendredi soit l'occasion «de se souvenir des martyrs de la liberté, de la dignité et de la justice».
Dans un message sur Facebook, elle réclame aussi «la libération immédiate de tous les détenus» arrêtés lors des manifestations anti-Moubarak, et le remplacement de l'actuel gouvernement, formé dans les derniers jours au pouvoir de M. Moubarak, et chargé par l'armée d'expédier les affaires courantes.
Selon Gamal Eid, un avocat du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme, «des centaines de personnes sont détenues», certaines par l'armée, «mais leur nombre exact n'est pas connu».
«Si les personnes arrêtées ne sont pas libérées, sans parler des prisonniers politiques plus anciens, cela montrerait que l'armée n'est pas sincère dans ses promesses de réformes politiques», a déclaré à l'AFP Mohamed Waked, un des organisateurs de la manifestation.
Les organisations Amnesty International et Human Rights Watch ont fait état de témoignages de manifestants torturés par des militaires.
L'armée, qui fut l'épine dorsale du régime Moubarak, continue toutefois d'être populaire en Égypte où elle est saluée pour ne pas avoir tiré sur les manifestants.
Jeudi, trois anciens ministres dont celui de l'Intérieur Habib el-Adli, et Ahmad Ezz, un influent homme d'affaires proche du fil de l'ancien président, Gamal Moubarak, ont été arrêtés pour malversations financières et placés en détention provisoire.
Le départ de Habib el-Adli, honni par une grande partie de la population, avait été réclamé avec insistance par les manifestants antirégime.
L'armée a également confirmé une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites, alors que le pays connaît une vague de grèves et de mouvements sociaux.
À l'étranger, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a annoncé que son pays allait offrir une aide de 150 millions de dollars à l'Égypte pour soutenir la transition politique et l'économie. William Burns, sous-secrétaire d'État aux affaires politiques, et David Lipton, conseiller de la Maison Blanche chargé de l'économie internationale, sont attendus en Égypte la semaine prochaine.
Paris a de son côté levé ses restrictions sur les voyages en Égypte du fait d'un «quasi-retour à la normale» dans le pays.
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