Quel beau conte de Noël ! Alors que le monde se lamente sur l'érosion de la biodiversité, voilà qu'on découvre
une nouvelle espèce d'éléphant ! Merci petit Papa Noël pour le cadeau. Mais où donc se cache-t-il, ce monstre ? Dans quel recoin encore inexploré de l'Afrique ? Ne cherchez pas, c'est l'histoire d'un dédoublement. Il n'y a pas une espèce d'éléphant d'Afrique, mais deux. Celle de la savane, et celle de la forêt. On s'en doutait fortement depuis quelques années, mais la preuve définitive vient d'être fournie par l'analyse génétique. Encore elle !
Une équipe anglo-américaine de scientifiques a comparé les ADN des deux éléphants d'Afrique (savane et forêt), des éléphants d'Asie et de deux espèces éteintes, le mammouth laineux et le mastodonte. Il s'agissait de compter le nombre de divergences géniques entre les cinq génomes. En se livrant à leur petit décompte, les biologistes ont découvert, à leur grande surprise, que la diversité génétique entre les éléphants de savane et ceux de forêt est plus importante que celle entre l'éléphant d'Asie et le mammouth laineux. Cet écart dépasse donc significativement le seuil qui sépare deux espèces. Cet écart est même tel que les généticiens estiment que le roi de la savane et le souverain de la forêt auraient cessé de se fréquenter il y a plus de 5 millions d'années. Un sacré bail ! "Cette coupure est presque aussi vieille que celle qui est intervenue entre l'homme et le chimpanzé. Cela nous a vraiment étonnés", confie le professeur Michi Hofreiter de l'université de York.
Protection
Étonnement que ne partagent pas de nombreux naturalistes. D'abord, parce que la génomique a déjà identifié des centaines de nouvelles espèces au cours de ces dernières années. Ensuite, parce que les différences physiques entre les deux éléphants se voient comme une trompe au milieu d'une figure. Le premier est un monstre dont le poids peut atteindre 10 tonnes (pour le mâle) et une hauteur au garrot de 4 mètres. Tandis que le second possède une "taille de guêpe" avec un poids maximum de 5 tonnes et une hauteur de 3 mètres. Les femmes à l'oeil exercé auront également noté que la "Céleste" du Babar des savanes porte élégamment quatre orteils sur l'avant du pied, et trois derrière. Tandis que sa cousine sylvestre en porte cinq devant, et quatre derrière.
La confirmation génétique de l'existence de deux espèces d'éléphants africains est une nouvelle très importante pour leur protection. Désormais, les conservationnistes devront se mettre en tête qu'ils ne doivent plus sauver une seule espèce constituée d'environ 500.000 individus, mais deux espèces distinctes comptant, chacune, bien moins d'individus et, par conséquent, davantage menacées d'une extinction.
Métis
Aux confins de la savane et de la forêt, les deux populations fréquentent les mêmes zones. Et quand un mâle en rut de l'une ou l'autre espèce rencontre quelques jolies Céleste de l'autre clan, il ne fait pas la fine bouche. Les deux partenaires prennent leur trompe et se séparent. Quelque onze mois plus tard, malgré cette divergence génétique remontant à plusieurs millions d'années, naît alors un joli éléphanteau métis. Si on osait (mais, ici, on ose toujours) faire une comparaison provocatrice, c'est un peu comme si l'homme et le chimpanzé pouvaient enfanter de petits primates. Qu'en penses-tu, petit Papa Noël ? Heureusement pour toi, c'est impossible, car, sinon, il te faudrait préparer encore plus de cadeaux..
LEPOINT.FR
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