En plein débat sur la bioéthique en France, l'information qui nous vient des États-Unis mérite d'être relevée. Une étude clinique, publiée mercredi dans
le New England Journal of Medecine tendrait à prouver que, dans certains cas, le fait de pratiquer une opération sur un foetus permet d'obtenir de meilleurs résultats que si l'intervention avait été pratiquée sur un enfant né. Il semble que ce soit tout du moins le cas pour une malformation baptisée spina-bifida, et notamment pour sa forme la plus dévastatrice appelée myéloméningocèle. Une partie de la colonne vertébrale du foetus ne se referme pas autour de la moelle épinière occasionnant souvent une série de handicaps, voire de paralysies chez l'enfant, qui, dans la plupart des cas, survit.Il s'agit là du défaut congénital du système nerveux central le plus courant, même s'il demeure relativement rare. Il touche environ un nouveau-né sur deux mille. Avec les progrès de l'imagerie médicale, le spina-bifida peut désormais être détecté vers le sixième mois de grossesse. Dans la très grande majorité des cas, ce diagnostic prénatal aboutit à une interruption médicale de grossesse. L'étude américaine menée sous le contrôle du docteur Scott Adzick, patron de la chirurgie à l'hôpital des enfants de Philadelphie en Pennsylvanie, pourrait toutefois offrir de nouvelles perspectives aux enfants atteints par cette malformation. Pratiquer une correction chirurgicale du spina-bifida sur le foetus plutôt que sur le nouveau-né pourrait permettre d'améliorer les chances de survie de l'enfant, mais aussi de réduire son handicap futur.
Pour établir ce constat, des médecins qui n'étaient pas informés de la manière dont les enfants avaient été opérés, ont suivi 158 bambins au moins un an après l'intervention. Bilan : à un an, 83 % des enfants opérés après la naissance avaient dû se faire implanter un drain pour éliminer des excès de fluide dans le cerveau contre seulement 40 % des enfants opérés avant leur naissance. À deux ans et demi, les enfants opérés dans le ventre de leur mère avaient des fonctions motrices très nettement supérieures, de telle sorte qu'ils étaient deux fois plus nombreux à pouvoir marcher sans béquilles (42 % contre 21 %). Même si l'étude souligne que cette chirurgie foetale accroît les risques d'accouchement prématuré et de déchirure de la paroi utérine, ces résultats paraissent néanmoins très encourageants.
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