Cette situation est fréquente : les couples durables et heureux rayonnent, attirent comme des aimants. Ils rassurent, ils fascinent, ils intriguent aussi. Comment font-ils pour rester ensemble, contre vents et marées, dans une ère médiatique qui prône l’épanouissement individuel à tous crins, le zapping, le jetable ? Et dans une société qui fonde l’amour et le mariage, non plus sur le désir de fonder une famille, encore moins sur la raison, mais sur le seul sentiment amoureux ? |
Lorsque la passion s’achève, tout commence |
L’engagement raisonné, Antoine et Chantal d’Audiffret, responsables de Cap Mariage (2), l’appellent aussi de leurs vœux. « Les jeunes couples croient que tout est donné, déplorent-ils, ils n’ont pas compris que lorsque le sentiment amoureux s’étiole, il y a quelque chose à construire et qu’ils doivent y travailler ensemble. » Autrement dit, lorsque la passion s’achève, tout commence. Après cette période délicieuse de l’amour (phase d’idéalisation) durant laquelle on voit, avec les yeux de Chimène, son partenaire doté de toutes les qualités, il faut ensuite s’adapter, accepter les différences de l’autre, si l’on veut s’engager dans une relation vraie et durable. |
Chacun doit être capable de se décentrer de ses propres rêves |
« Au démarrage du couple, un acte de foi fonde, même de façon un peu irrationnelle, l’engagement des deux membres, celui de s’aimer pour toujours. Ils doivent y croire et se donner les moyens d’y croire, estime Martine Bracq, conseillère conjugale et thérapeute de couple, au Cler. Pour cela, ils vont devoir apprendre à accepter un minimum de frustration. » Chacun doit être capable de se décentrer de ses propres rêves ou grilles de valeurs. Comme un voyageur découvre un nouveau pays et se familiarise à la nouveauté, chacun s’efforce, sous le regard bienveillant de l’autre, de s’adapter à lui et à une réalité qu’il ne maîtrise pas. |
Un couple heureux a appris à partager le pouvoir |
À chaque étape, il faut veiller à trouver l’équilibre entre le territoire de l’épanouissement de chacun et celui où le couple va s’épanouir, le jardin secret de chaque conjoint venant enrichir l’échange du couple. Celui-ci va se développer sur un projet commun, où ils existent ensemble sans être en concurrence, que ce soit l’éducation des enfants, la rénovation d’une maison, une entreprise à gérer… Pour Yvon Dallaire, psychologue-sexologue, un couple heureux est celui qui a appris à partager le pouvoir. Après la période dite de « lune de miel », explique-t-il, vient la phase de « lutte pour le pouvoir » : chacun veut, avec amour et en toute bonne foi, imposer ses règles à l’autre, en affirmant ses besoins. La troisième phase, dite de « partage du pouvoir », conduit à établir un nouveau jeu à partir des règles de chacun : le couple négocie des ententes à double gagnant puisque l’objectif est d’être heureux ensemble. |
Aimer, c’est croire en l’autre |
Dans son ouvrage Le Couple face au temps, le sociologue Pascal Duret, professeur à l’université de La Réunion, s’est intéressé aux facteurs d’usure et de renforcement du couple à travers une centaine de cas. Si la routine est un poison à diffusion lente, la reconnaissance se révèle un antidote efficace. « On reconnaît un couple heureux à la qualité de la reconnaissance mutuelle que chacun apporte à l’autre, ce qui sous-tend un respect non négociable, une reconnaissance de sa valeur personnelle, de ses mérites, et enfin une reconnaissance de son identité latente, c’est-à-dire son futur, ses possibilités », précise le sociologue. Aimer, c’est croire en l’autre. |
«La priorité, c’est de consacrer du temps à son couple» |
Ce couple de sexagénaires en parle en connaissance de cause : à la retraite, ils ont réalisé qu’ils ne partageaient plus rien. « Nous vivions paisiblement l’un à côté de l’autre, mais sur des rails parallèles », témoigne Chantal d’Audiffret. Une réadaptation s’imposait. Tous deux ont appris à se redécouvrir. Forts de leur expérience, ils insistent : « La priorité, c’est de consacrer du temps à son couple, de trouver des terrains d’entente, de nourrir des projets communs. » Martine Bracq conseille ainsi aux retraités de se montrer inventifs dans leur vie conjugale. Pourquoi ne pas envisager, par exemple, un second voyage de noces ? |
La volonté de durer |
Les couples chrétiens ont la chance de disposer d’outils dans le cadre de la pastorale familiale. Ils y découvrent entre autres qu’il n’existe pas de modèle idéal de couple, et que durer, c’est aussi avoir la volonté de durer. France LEBRETON |
mardi 28 décembre 2010
Comment les couples résistent au temps
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