Quelque 2.000 manifestants appelés à une marche interdite samedi à Alger pour "changer de système", parmi lesquels l'islamiste du FIS (dissous) Ali Belhadj, ont réussi brièvement à forcer l'important dispositif des forces de l'ordre avant de se retrouver à nouveau bloqués. Des échauffourées entre ces manifestants - 800 selon la police, 2.000 selon les journalistes sur place - et les forces de l'ordre ont éclaté bien avant le début de la marche prévue à 11 heures.
Nombre de manifestants ont été interpellés dont Fodil Boumala, l'un des fondateurs de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD, formée de représentants des partis politiques, de la société civile et des syndicats autonomes). Celui-ci a envoyé un sms à un journaliste de l'AFP: "suis arrêté au commissariat en face de (l'hôpital) Mustapha". Un journaliste de l'AFP a été témoin de deux interpellations, dont celle d'un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Othmane Maazouz. D'autres journalistes ont indiqué avoir assisté à plusieurs interpellations, tandis que le président du RCD, Said Sadi, s'est indigné que "le doyen de la Ligue de défense des droits de l'homme algérien, Ali Yahia Abdelnour, âgé de 90 ans, ait été malmené" par les forces de l'ordre, a-t-il affirmé.
"Algérie Libre"
Les manifestants criaient "Algérie Libre" en arabe ou "Le régime dehors !". Face à eux, une vingtaine de jeunes contre-manifestants criaient fort leur soutien au président Abdelaziz Bouteflika, criant "Bouteflika n'est pas Moubarak", en référence à la chute la veille du président égyptien Hosni Moubarak. A Oran, la grande ville de l'ouest de l'Algérie où une manifestation a aussi été interdite par les autorités, un rassemblement a commencé sur la Place du 1er novembre et une dizaine d'interpellations ont déjà eu lieu.
Les participants, au nombre de 400 à 500 personnes avant 11 heures, comprenaient des artistes venus exprimer leur soutien et dénoncer la fragilité de leur statut. Vêtus de blanc en position de mime, deux d'entre eux, avec une croix rouge dessinée sur les lèvres, ont été interpellés.
Émeutes meurtrières
Figure aussi parmi les interpellés à Oran, le correspondant du quotidien arabophone El Khabar, Djaafar Bensaleh, qui a répondu à un appel téléphonique de l'AFP dans le fourgon de la police. A Bougie, en petite Kabylie, et plus loin à Annaba, principale ville de l'est algérien, la situation était calme.
La marche de samedi avait été annoncée par la CNCD dès sa création le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières contre la cherté de la vie du début de l'année, qui ont fait cinq morts et quelque 800 blessés. Les autorités ont pris des mesures draconiennes avec près de 30.000 policiers déployés dans la capitale sur le parcours prévu des marcheurs de la Place du 1er mai jusqu'à la Place des Martyrs, distante d'environ 4 km.
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