Acheter un logement à Paris est devenu impossible pour la plupart des Français. En 2010, les prix des logements anciens auront augmenté d'environ 20%, pour atteindre un record de 7.500 euros par m2 en moyenne, selon les notaires. Et la hausse devrait se poursuivre début 2011, avec un prix moyen du m2 qui pourrait aller jusqu'à 8000 euros. Pour acheter un 50 m2 il faut donc désormais débourser en moyenne 400.000 euros. La frénésie est telle que les appartements partent en un clin d'oeil, souvent sans aucune négociation, au prix affiché, parfois même au-delà. Une situation qui fait redouter l'éclatement d'une bulle aux conséquences imprévisibles, sur les modèles de l'Irlande et de l'Espagne, même si les professionnels de l'immobilier rejettent l'hypothèse. Raisons de la flambée des prix: une pénurie de l'offre, des taux d'intérêt bas, l'attrait de la capitale française auprès des étrangers. Ces derniers, Italiens, Britanniques et Américains en tête, investissent principalement des quartiers centraux et très cotés, comme le Marais. Autre phénomène qui alimente la hausse: les seconds acheteurs, qui se portent acquéreurs après avoir réalisé une plus-value sur leur première acquisition et disposent donc d'un gros apport financier. Paris, qui ne compte déjà plus que 5% d'ouvriers, est désormais aussi inaccessible pour les classes moyennes sans patrimoine, notamment les jeunes, ce qui alimente un sentiment de frustration voire de déclassement chez ces populations. «Une fracture sociale» selon le journal Le Monde, dont l'un des journalistes économiques écrivait récemment que Paris «est au bord de la guerre civile». «Avec d'un côté des propriétaires béats, aux anges, de l'autre des locataires que la flambée des prix désespère et révolte». Même les quartiers de l'est, cibles traditionnelles de ceux qui veulent devenir propriétaires pour la première fois, deviennent hors de portée. Avoir de bons revenus ne suffit plus: Sophie Epaule, une juriste parisienne trentenaire recherche depuis plus d'un an, sans succès, un appartement de trois pièces, de 55 m2, pour un budget de 430 000 euros. Avec son conjoint, ils gagnent à eux deux environ 6000 euros par mois. «Ce n'est pas une partie de plaisir, c'est hyper difficile, pourtant on gagne assez bien notre vie, on n'a pas de problème d'argent», constate-t-elle. Confronté dans un premier temps à la pénurie d'appartements, le couple s'est ensuite trouvé en concurrence avec des candidats prêts à payer cash. «Trois de nos offres n'ont pas été acceptées parce que des gens ont acheté sans prêt», explique-t-elle. Louer à Paris n'est pas plus aisé: les offres sont rares, les garanties demandées extrêmement exigeantes et les loyers de plus en plus prohibitifs pour les familles. Delphine Thierry-Mieg, 43 ans, loue un appartement de trois pièces avec son conjoint, fonctionnaire comme elle, et leurs deux filles. Dans ce logement social, le loyer n'est «que» de 900 euros. «Heureusement qu'on a cet appartement! On n'a pas la possibilité d'acheter, maintenant pour louer même c'est vraiment très difficile», dit-elle. Le couple est en quête d'une quatrième pièce pour permettre à chacune de leurs filles d'avoir sa chambre, mais se heurte aux loyers proposés, de 1.600 euros par mois au minimum. «Du coup on se dit qu'on va rester là, dormir dans le salon et laisser notre chambre à notre fille», conclut-elle. |
dimanche 19 décembre 2010
Paris: la folie immobilière chasse les classes moyennes
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire