Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a convoqué, samedi, les épidémiologistes ayant travaillé sur les décès attribuables au Mediator, après de nouvelles informations de presse selon lesquelles il aurait fait entre 1.000 et 2.000 morts, beaucoup plus qu'initialement indiqué. Outre Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave-Roussy, Mahmoud Zureik, directeur de recherche à l'Inserm, et Agnès Fournier, épidémiologiste à l'Inserm, Xavier Bertrand a convoqué le directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), Jean Marimbert, et le directeur général de la santé, Didier Houssin. Le 16 novembre, l'Afssaps admettait le chiffre d'"au moins 500 décès" attribuables au Mediator, sur la base des calculs de Catherine Hill, confirmant ainsi une fourchette de 500 à 1.000 morts précédemment avancée. Mais, souligne Le Figaro samedi, ce même 16 novembre, l'Afssaps n'avait pas mentionné une autre fourchette (1.000 à 2.000 morts) provenant d'une étude réalisée par deux autres chercheurs - Mahmoud Zureik et Agnès Fournier - qu'elle avait également sollicités. Commercialisé en France par les laboratoires Servier à partir de 1976, le Mediator, médicament indiqué pour des diabétiques en surpoids, mais aussi prescrit comme coupe-faim, a été utilisé par 5 millions de patients, avant d'être retiré du marché en novembre 2009. Prescriptions abusives Selon Le Figaro, les trois chercheurs ont disposé des mêmes données de la Cnam pour réaliser leurs extrapolations, soit 303.336 personnes exposées au Mediator en 2006 (70 % ne sont pas diabétiques), dont 597 ont été hospitalisées au moins une fois pour valvulopathie (atteinte des valves cardiaques). Parmi ces hospitalisations, on dénombrait 64 décès. "Notre estimation est tout à fait concordante avec la sienne (celle de Mme Hill, NDLR), qui conclut à 3.500 personnes hospitalisées pour valvulopathie et à 500 morts minimum", a confié Mahmoud Zureik au quotidien. Schématiquement, c'est la prise en compte de la surmortalité à plus long terme des malades hospitalisés qui aboutit à la différence entre les deux estimations. Le Figaro a, par ailleurs, publié une lettre selon laquelle, dès 1998, trois professeurs de médecine de la Sécurité sociale avaient alerté la direction de l'Agence du médicament sur les risques de l'utilisation du Mediator, hors autorisation de mise sur le marché, comme coupe-faim. "Il nous semble utile d'alerter l'Agence du médicament sur l'utilisation non contrôlée d'un produit de structure amphétaminique, dans un but anorexigène (coupe-faim)", écrivent-ils dans cette lettre transmise le 21 septembre 1998 au directeur général de l'Agence du médicament d'alors, Jean-René Brunetière. De son côté, Le Monde, dans son édition de dimanche, a publié des extraits de la base internet de l'Ordre national des médecins mise en ligne en 2000, montrant que "des dizaines de médecins avaient été rappelés à l'ordre pour prescription abusive du médicament comme coupe-faim". Le 16 novembre, le ministre de la Santé Xavier Bertrand avait annoncé sa volonté de faire toute la lumière sur cette affaire en confiant une mission à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui doit lui présenter un premier rapport le 15 janvier. Il a approuvé la création, mardi, d'une mission d'information parlementaire réclamée par les députés PS, appelant de ses voeux "un maximum de transparence" sur ce dossier |
samedi 18 décembre 2010
MEDIATOR - Xavier Bertrand convoque les épidémiologistes
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire