Les 4 x 4 et les vieux moteurs diesel émettant trop de CO2 et de particules fines capables de
pénétrer les voies respiratoires pourraient bientôt se voir refuser l'accès de certains centres-villes. Au moins six grandes agglomérations devront plancher sur la question en 2011, dans le cadre d'une expérimentation de zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa). Objectif ? Réduire la pollution de l'air qui ferait baisser l'espérance de vie des Français de près de neuf mois et diminuer l'exposition aux particules fines, responsable de 40.000 décès par an.
Paris, Grand Lyon, Grenoble Alpes métropole, Clermont communauté, le Pays d'Aix et la Plaine commune en Seine-Saint-Denis ont été retenus comme villes-tests. D'autres communautés urbaines motivées, comme celle de Nice-Côte-d'Azur, se sont vu accorder un délai supplémentaire, jusqu'au 31 décembre prochain, pour déposer leur candidature. Menée sous la houlette du ministère de l'Écologie et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'expérimentation résulte de la mise en oeuvre de la loi Grenelle II, mais aussi de pressions de Bruxelles pour qui la France fait, dans ce domaine, figure de mauvaise élève. En effet, alors que cent soixante métropoles européennes ont déjà adopté ce type de restrictions, aucune ville française ne s'y est encore essayée.
Études de faisabilité
Pour autant, les conducteurs de véhicules polluants des collectivités concernées ont encore un peu de temps devant eux. L'année 2011 devrait être essentiellement consacrée à des études de faisabilité menées localement et coordonnées via un groupe d'échanges national piloté par l'Ademe. Localisation et taille de la Zapa, choix des critères de restriction, évaluation de l'impact sur la qualité de l'air et du report de trafic en dehors de la Zapa, chiffrage des aménagements, réflexion sur les modalités juridiques et de contrôle, sont autant de curseurs qui permettront d'affiner le dispositif de chacune des agglomérations cobayes. Les premières mesures ne seront donc vraisemblablement pas mises en oeuvre avant début 2012.
Grenoble Alpes métropole s'est ainsi donné quatre à cinq mois pour réaliser des études afin de dessiner les contours et les règles de sa Zapa, puis, quatre à cinq autres mois, pour que les élus puissent en débattre. "On parle des voitures polluantes, mais il ne faut pas oublier le transport de marchandises, responsable d'une part importante de la pollution", souligne Jean-Marc Uhry, maire de Poisat et troisième vice-président de la communauté d'agglomération chargé de l'environnement, du développement durable, de l'énergie et du climat. Ainsi, l'idée de créer des plates-formes de déchargement des camions et d'organiser les livraisons avec de plus petits véhicules moins polluants pourrait être envisagée. "Les scenarii peuvent être multiples : interdiction totale de la circulation à certains véhicules ou restrictions limitées aux heures de pointe", relève-t-il.
Les camions dans le collimateur
À Paris, plusieurs schémas vont être étudiés par un comité de pilotage réunissant l'administration de la capitale, les villes de la petite couronne, le conseil régional et la préfecture de police. La Zapa pourrait être délimitée soit par le périphérique, soit par l'A86 ou encore être constituée uniquement de grands axes. Là aussi, Denis Baupin, maire adjoint chargé du développement durable, ne vise pas uniquement les voitures individuelles. Lui imagine de distinguer les camions transitant par la région et la capitale sans la desservir de ceux réalisant son approvisionnement.
Quant aux risques de pénaliser les ménages les plus modestes n'ayant pas les moyens d'investir dans un véhicule moins polluant, les élus s'accordent pour dire que les Zapa ne peuvent s'envisager que dans le cadre d'un plan plus vaste de développement de transports urbains et périurbains offrant des solutions satisfaisantes aux usagers pour leurs déplacements quotidiens. "Au final, compte tenu du prix du carburant et des coûts d'entretien d'un véhicule ancien, cela pourrait même permettre d'alléger leur budget transport", considère Jean-Marc Uhry. Un système gagnant-gagnant en quelque sorte.
source:lepoint
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