dimanche 19 décembre 2010

Dans la controverse, Pascal conserve son titre

Jean Pascal et Bernard Hopkins... (Photo: Laetitia Deconinck, Le Soleil)
(Québec) Jean Pascal est encore champion du monde, mais certes pas de la façon dont il aurait souhaité.
C'est un combat spectaculaire qui s'est conclu par une décision tout aussi spectaculaire, samedi soir au Colisée de Québec. Face au vétéran Bernard Hopkins, le boxeur québécois a pu conserver son titre des mi-lourds (175 livres) du WBC, mais il l'a conservé d'une drôle de façon: par une nulle majoritaire selon décision des juges.
Au final, les juges ont remis des cartes de 113-113, 114-114 et enfin 114-112 en faveur de Hopkins, ce qui a mené à une nulle majoritaire. Ce résultat décevant, qui a été reçu par des murmures et des huées de la part des quelque 16 000 fans au Colisée de Québec, permet à Pascal de conserver son titre.
Une décision controversée? À n'en point douter, d'autant plus qu'une première feuille de pointage laissait croire qu'un des juges avait accordé par erreur une note de 10-9 à Jean Pascal au huitième round. Au terme du combat, La Presse a pu constater que des traces de correcteur étaient clairement visibles sur la feuille, et le clan Hopkins n'a pas manqué de crier au vol au terme du combat.
«Il y a avait des traces de correcteur sur la carte du juge canadien, a tonné Richard Schaefer, président de Golden Boy, la compagnie derrière Bernard Hopkins. Mais surtout, le juge de la Belgique a scoré un round de 10-10 au 10e. Un round de 10-10, combien de fois ça arrive, ça? Si le gars de la Belgique fait son travail comme il le faut, on a un nouveau champion du monde. C'est franchement inexplicable.»
Richard Schaefer n'avait pas terminé. «J'ai parlé avec les gens du WBC, et ils vont ordonner une revanche immédiate...  Ce qui est arrivé, c'est mauvais pour notre sport. Je ne vais pas accepter ça.»
Mais Yvon Michel, le gérant de Jean Pascal, a soutenu que son poulain n'est pas tenu d'accorder un combat revanche à Hopkins. «Ce n'est pas une obligation contractuelle pour nous, mais ça pourrait se faire, on va s'asseoir avec Jean et on va en parler», a-t-il tenu à préciser.
Bernard Hopkins (51-5-2) a soutenu après le combat qu'il était frais comme une rose. Il a tenu à rester debout pour répondre aux premières questions. «J'ai encore des jambes fraîches», a-t-il dit à la blague.
Le boxeur de Philadelphie en avait long à dire lui aussi.
«En arrivant ici, on m'a demandé si les juges m'inquiétaient, et j'ai dit non. Je crois que quand on donne un spectacle, les fans voient ce qu'ils voient... Il m'a frappé, et j'ai tout encaissé. Je l'ai cogné solide, il est tombé au tapis, et l'arbitre m'a dit que c'était une glissade, et je me suis souvenu qu'il s'agissait d'un arbitre canadien.
«Le dernier round, je l'ai clairement gagné, mais ils ont décidé que c'était une nulle. Et en plus, ces traces de correcteur sur la carte... c'est un peu comme quand Bush a gagné en Floride!»
La soirée avait pourtant bien commencé pour Jean Pascal, qui a envoyé son rival de 45 ans au tapis à deux reprises en début de combat. Les deux fois, Hopkins s'est plaint de la décision de l'arbitre, qui lui a imposé deux comptes debout.
«Il s'est plaint que je l'ai frappé à la tête, mais c'est lui qui s'est tourné la tête comme ça, a expliqué Jean Pascal. Ce n'état pas un coup derrière la tête.»
Pascal (26-1-1) a bel et bien eu le dessus en début de combat, mais plus ça allait et plus le vent tournait en faveur de l'Américain.
«Ça n'a pas été plus difficile que je ne le croyais, a dit Pascal. Ça s'est passé exactement comme je le pensais. Ce fut un combat compliqué parce qu'il chargeait toujours avec sa tête. J'ai tout donné et je croyais en avoir fait assez pour mériter la victoire, mais les juges en ont décidé autrement.»
Jean Pascal a lui aussi crié au vol.
«Le juge américain a remis une carte de 114-112, même avec les deux chutes, a dit le Québécois. S'il y a une revanche, c'est sûr à 110% que je vais remporter la bataille.»

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