Agence France-Presse Sepang, Malaisie |
Le Mexique attendait son pilote de Formule 1 depuis 30 ans, le Venezuela depuis 26: Sergio Perez et Pastor Maldonado, qui prendront part dimanche à Sepang à leur deuxième Grand Prix, accentuent l'intérêt latino-américain pour la discipline phare du sport automobile. Depuis le départ du Colombien Juan Pablo Montoya en 2006, seul le Brésil se chargeait de représenter le sous-continent en F1. L'État argentin avait bien tenté de soutenir la candidature de Jose Maria «Pechito» Lopez en 2009. Mais l'écurie USF1, où Lopez devait courir, était mort-née.
Les gros moyens ont été mobilisés pour combler ce vide. Perez et Maldonado sont soutenus par des poids lourds économico-politiques. Le Mexicain est aidé par le fils de Carlos Slim, la plus grande fortune du monde -évaluée à 74 milliards de dollars.
«Je sais pourquoi je suis en F1. Je sais pourquoi certains m'appellent (un pilote payant). C'est normal, parce que j'ai beaucoup de soutien de mon pays», avait admis Sergio Perez début février.
Telmex, opérateur téléphonique appartenant à la famille Slim, aurait acheté entre 5 et 10 millions de dollars son volant chez Sauber. Plusieurs commanditaires mexicains majeurs ont ensuite garni les flancs de la monoplace suisse, à la grande joie de ses propriétaires.
Pastor Maldonado est de son côté poussé par le président vénézuélien, Hugo Chavez en personne, qui de la révolution bolivarienne s'est converti à la Formule 1. PDVSA, la compagnie pétrolière nationale, investirait a minima 15 millions de dollars par an pour son volant chez Williams.
Un fait qu'accepte Maldonado. «Cela a toujours été comme ça. Par le passé, beaucoup de pilotes latinos ont amené de bons commanditaires à la F1», explique-t-il à l'AFP. Socialisme et F1
Et le Vénézuélien, dans une interview publiée vendredi par le quotidien espagnol El Mundo, a affirmé: «Socialisme et F1 sont parfaitement compatibles, même si c'est a priori le sport le plus capitaliste du monde. Mais il y a des valeurs communes, comme le travail, le dépassement de soi, (...) la solidarité.»
Nanti de telles valeurs, Maldonado fait humblement son trou chez Williams. À 26 ans, auréolé de son titre de champion de GP2, l'antichambre de la F1, à sa quatrième tentative, le Vénézuélien apprend progressivement.
Ses débuts au GP d'Australie n'ont pas été exceptionnels: 15e en qualifications, abandon en course sur incident mécanique. «Ça a été difficile», reconnaît-il. Mais il se fixe des objectifs élevés: «être dans les points à chaque course».
Sergio Perez est encore plus remonté. Auteur d'une première course exceptionnelle, terminée au 7e rang, le Mexicain de 21 ans s'est retrouvé disqualifié pour un aileron arrière non conforme de sa monoplace.
«J'ai eu de grands débuts. C'est ce que je retiens», affirme-t-il, malgré «une grande déception», un «coup au mental» à l'annonce de son exclusion. «J'ai toujours eu confiance en moi. Mais maintenant encore plus», lâche-t-il à l'AFP.
Et le Mexicain, 2e des GP2 séries en 2010, de lâcher, bravache: «Ça fait du bien de fermer la bouche à tous ceux qui n'ont pas arrêté de me dire que je suis là parce que j'ai payé pour mon baquet.»
Bonne nouvelle pour Perez. Le Mexique n'est pas dupe de son talent. Fin février, entre 150 et 200 000 personnes l'avaient regardé parader en Sauber dans sa ville natale de Guadalajara. Depuis peu, les audiences de la F1 explosent au Mexique. Le Venezuela n'est pas en reste. |
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