Les États-Unis, convaincus du rôle de la démocratie numérique, enseignent à des milliers de militants des droits de l'homme dans le monde à «jouer au chat et à la souris» avec les régimes autoritaires sur l'internet et avec leurs téléphones portables. L'administration du président Barack Obama aide notamment les militants à accéder aux technologies leur permettant de contourner les blocages du web par les États, à sécuriser leurs textos et leurs messages vocaux et à empêcher les cyberattaques contre leurs sites. «C'est un peu un jeu du chat et de la souris, les gouvernements déployant en permanence de nouvelles techniques pour s'en prendre aux critiques et aux dissidents», explique Michael Posner, sous-secrétaire d'Etat américain chargé des droits de l'homme. «Nous essayons de garder un coup d'avance en fournissant de la technologie, de la formation et un soutien diplomatique permettant aux gens d'exprimer librement leurs points de vue», dit-il dans un entretien à l'AFP et à quelques autres médias. Le thème des libertés en ligne promet d'être plus présent que par le passé dans le rapport annuel sur les droits de l'homme de la diplomatie américaine, qui doit être présenté vendredi par la secrétaire d'État Hillary Clinton. La chef de la diplomatie américaine, qui dit volontiers son ignorance personnelle des réseaux sociaux, a observé récemment que le rôle de Facebook, Twitter et YouTube dans les manifestations en Égypte et en Iran reflétait «la puissance des technologies qui connectent les gens, en tant qu'accélérateur du changement politique, économique et social». Depuis deux ans, l'administration fédérale a consacré 50 millions de dollars au développement de technologies visant à protéger les militants du risque d'être arrêtés et poursuivis par leurs gouvernements. Elle a aussi organisé des séances de formation pour 5.000 de ces militants dans différentes parties du monde. L'une de ces séances, organisée il y a six semaines dans un pays du Proche-Orient, a réuni des militants venus de Tunisie, d'Égypte, de Syrie et du Liban, qui ont promis de diffuser leur savoir à leur retour dans leurs pays respectifs. «Ils sont repartis et il y a un effet de vague», indique M. Posner. Des responsables du département d'État ont expliqué qu'une des technologies en cours de développement, baptisée «signal d'alarme», permettait aux militants d'effacer les listes de contact de leurs téléphones portables au cas où ils seraient arrêtés. «Si vous pouvez recevoir le signal d'alarme qui nettoie (cette liste) avant qu'ils (les militants) ne soient enfermés, alors vous sauvez des vies», assure le sous-secrétaire d'État. Cette nouvelle technologie pourrait servir dans des pays tels que la Syrie où, selon M. Posner, les autorités arrêtent les militants qui tout simplement utilisent leurs téléphones portables. Le département d'État a indiqué qu'il avait déjà financé des sociétés privées, la plupart américaines, pour développer une dizaine d'outils destinés à contourner la censure mise en place par certains gouvernements. «L'un de ces outils a été d'une grande utilité en Iran», indique un responsable du département d'État sous couvert d'anonymat, ajoutant que son utilisation «se propageait partout au Moyen-Orient», mais refusant de donner le nom de l'outil afin de ne pas mettre, selon lui, des personnes en danger. |
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