Les chercheurs ont testé différents médicaments sur des souches mutantes du virus A(H1N1) et leurs résultats ont été publiés dansThe Journal of Infectious Diseases. Le mutant nommé I222V-H274Y serait donc résistant au Tamiflu, principal antiviral employé lors de la pandémie en 2009, et au Peramivir, un médicament expérimental. Ce mutant a été trouvé chez deux campeurs en Caroline du Nord durant la pandémie.
Les résultats obtenus, s'ils se confirment, susciteraient des inquiétudes quant à l'éventuelle propagation de cette souche mutante. Toutefois, Andrès Pizzorno, étudiant à la maîtrise en microbiologie et immunologie au Centre de recherche en infectiologie, croit qu'il ne faut pas être alarmiste. «Il faut mentionner que les résultats de cette recherche ont été obtenus in vitro et que nous devons procéder à des tests de transmission du virus in vivo». Il se peut que cette souche ne soit pas plus virulente que le virus du A(H1N1) sans mutation.
Comment se produit une mutation
Pour se reproduire, un virus a besoin d'une cellule hôte, comme celles des poumons et des voies respiratoires. Et lorsqu'il se reproduit, il lui arrive de faire des erreurs qui sont à l'origine des mutations.
Pour entrer dans les cellules, le virus utilise une clé à sa surface, le H (qui désigne la protéine hémagglutinine). Pour en sortir, il se sert d'une autre clé, le N (la protéine neuraminidase). Les médicaments antiviraux empêchent le virus de la grippe d'utiliser cette dernière clé pour sortir : ils meurent donc à l'intérieur de la cellule. Or, les souches mutantes du virus peuvent, elles, arriver à sortir et continuer de se propager.
Qui plus est, il arrive qu'une mutation affecte la capacité d'un virus à se reproduire. Mais pas ici: le virus mutant I222V-H274Y est un double mutant. La première mutation (H274Y) confère une résistance au Tamiflu, mais affaiblit sa capacité de reproduction. La seconde mutation (I222V) vient compenser cette perte, explique le chercheur.
Le mutant I222V-H274Y ne représente pas une menace pour l'instant, car il est encore relativement rare. «Durant la pandémie de 2009, la résistance au Tamiflu a été observée chez 1 à 2% des patients infectés. Nous devons continuer à faire des recherches sur les cas de résistance aux médicaments antiviraux et développer de nouveaux agents pour combattre le virus de la grippe», conclut-il.
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