lundi 28 mars 2011

Apprendre, un jeu d'enfant?

«À l'école, les plus jeunes ont soif d'apprendre... (www.whyville.net)
Les Américains vont-ils régler le problème du décrochage scolaire en jouant?
«Jusqu'à l'adolescence, le jeu est une passion naturelle chez les enfants. Il faut miser là-dessus, sur la motivation et l'engagement que le jeu suscite», estiment les conférenciers de l'atelier La mort du manuel scolaire, l'émergence du jeu en éducation, qui avait lieu dans le cadre du volet Interactivité du festival South by Southwest, à Austin, il y a quelques jours.
Au Texas et en Californie, les manuels scolaires tendent à disparaître, et le Texas est à l'avant-garde en ce qui a trait à l'utilisation du jeu dit «sérieux» dans les écoles. Un exemple: Why-Texas, une succursale de Whyville, un jeu qui n'est pas sans rappeler les Sims. Whyville propose un monde virtuel dans lequel les participants (les élèves) doivent réaliser des tâches d'apprentissage en mathématiques et en sciences qui leur rapporteront de l'argent pour faire tourner l'économie de leur petite communauté. Le site Why-Texas, lui, permet aux écoles du Texas d'entrer en compétition entre elles. Les classes gagnantes reçoivent des prix comme du matériel scientifique ou des séances de formation pour les enseignants.
«À l'école, les plus jeunes ont soif d'apprendre et n'ont pas d'a priori sur la notion de jeu éducatif, estime James Bower, fondateur de Numedeon, l'entreprise qui a créé Whyville en 1999. Apprendre est un processus en continu, ce n'est pas figé dans le temps. Il faut que cette évolution se reflète entre les murs de l'école.»
Le Texas, ouvert aux nouvelles technologies
À l'heure actuelle, 341 classes du Texas participent à la compétition Why-Texas, qui n'est qu'une des nombreuses initiatives implantées dans cet État où le milieu de l'éducation semble très ouvert aux nouvelles technologies. Les résultats semblent indiquer que les enfants sont plus motivés et obtiennent de meilleurs résultats dans les matières où ils étaient moins bons lorsqu'elles étaient enseignées de façon traditionnelle.
Sara DeWitt, du réseau PBS, a expliqué quant à elle que des jeux comme Martha Speaks et PBS Kids Island (qui ont même des applications mobiles pour iPhone et iTouch), utilisés dans certaines écoles, permettent d'enseigner la lecture aux enfants dès un très jeune âge. «Le jeu PBS Kids Island permet également aux parents de suivre les progrès de leur enfant.»
Inutile de dire que l'enseignement par le jeu, que ce soit en français ou en science, transforme de fond en comble la dynamique de la classe. «Le rôle des enseignants va changer, observe James Boer. Ils vont devenir plutôt des mentors.»
Au Québec
Les écoles du Québec utilisent-elles le jeu?
«Disons que nous en sommes à l'étape de la recherche», observe Sylvie Barma, chercheuse à l'Université Laval et membre du groupe GéoEduc3D, qui propose des jeux interactifs intégrant des données de géolocalisation et des contenus d'apprentissage dans le domaine des sciences et de l'éducation à la citoyenneté. «Nous travaillons à un prototype qui devrait être fonctionnel sous peu et qui sera testé dans un contexte scolaire l'an prochain, explique Mme Barma. À l'heure actuelle, on assiste à un questionnement dans les pays occidentaux à propos de l'intégration du jeu en didactique. Mais c'est à l'étape de la réflexion, ce n'est pas encore appliqué dans les écoles.»
Mario Asselin, de la firme Opossum, observateur privilégié du web, estime qu'on n'en est pas là. «Peut-être est-ce notre vieux fond judéo-chrétien, mais apprendre doit être souffrant, et le ludique est automatiquement suspect. Nos problèmes de décrochage sont pourtant l'occasion de remettre en question nos approches.»

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