Operation : Payback" (représailles). Les hackers n'ont pas peur du grand spectacle. Au contraire. Alors que les dernières révélations de WikiLeaks éclaboussent les gouvernements aux quatre coins du monde, une véritable cyberguerre fait rage. Anti-Assange et pro-Assange s'affrontent. Derrière cette opération "Payback", on trouve le groupe Anonymous (anonymes), des internautes, dont l'objectif est de "venger Julian Assange". Connus pour d'autres faits d'armes, notamment via le très controversé forum 4chan, ils ont fait tomber les sites de Paypal, de Visa, de Mastercard et de PostFinance. Autant d'attaques qui, pour Anonymous, sont des réponses aux tentatives de destruction de WikiLeaks. Ainsi, le service de paiement en ligne Paypal avait décidé le 4 décembre d'assécher le compte de WikiLeaks. Il avait été suivi le 7 décembre par Visa et MasterCard, qui avaient, eux aussi, bloqué les paiements destinés au site turbulent. Exaspérés, les utilisateurs n'avaient d'autre choix que se résigner. Comptant sur leur frustration, les Anonymous ont dans un premier temps mis à disposition de qui voulait les aider un logiciel baptisé LOIC (pour low orbit ion cannon, soit canon à ions en orbite basse), qui permettait d'utiliser l'ordinateur de ces "hacktivistes" volontaires pour lancer de nouvelles attaques. Mais ils se sont ravisés et demandent désormais aux internautes d'éplucher les fuites de WikiLeaks pour en faire la promotion "par tous les moyens". Bien d'autres groupes pro-Assange s'activent sur la Toile. Dans leur ligne de mire : le site du gouvernement suédois, pays qui poursuit le fondateur de WikiLeaks pour agression sexuelle, ou celui du sénateur républicain Joe Lieberman, qui milite contre WikiLeaks au point de vouloir une perquisition au New York Times, partenaire du site. Quant au site de Sarah Palin, qui avait déclaré que "Julian Assange a du sang sur les mains", il a été déconnecté sans que l'opération ne soit revendiquée. Surcharges de requêtes Cette cyberguerre a commencé quelques heures avant la publication des câbles américains par WikiLeaks, le 28 novembre. Le hacker Jester, qui se définit comme un patriote américain, réussit à paralyser wikileaks.org avec son logiciel XerXes. "Pour protéger les soldats américains sur le terrain", dit-il. D'autres attaques, dont les experts ne savent dire si elles proviennent de groupes organisés ou non, visent le site. Comment ? En le surchargeant avec des requêtes venues de millions d'ordinateurs téléguidés. Le portail de Julian Assange est rapidement hors service, mais lui aussi avait prévu sa riposte : il change d'hébergeur et revient en ligne avec un nombre croissant d'autres adresses, plus de 1.000 aujourd'hui. Avec la multiplication de ces sites miroirs, ces attaques deviennent moins efficaces et les données de WikiLeaks sont à nouveau disponibles. La guerre se déplace alors sur un autre terrain, celui de la politique. Même s'ils s'en défendent, les gouvernements sont soupçonnés d'avoir fait pression sur les partenaires, volontaires ou non, de WikiLeaks. Pour Barack Obama, prix Nobel de la paix, dont l'administration a déclaré à plusieurs reprises défendre à tout prix la liberté d'expression sur Internet, la situation est très délicate. Le 2 décembre, à la demande du sénateur Joe Lieberman, la librairie en ligne Amazon, qui abrite WikiLeaks sur son service d'hébergement, renonce et ferme l'accès, privant le site de la bande passante vitale pour qu'il soit disponible. WikiLeaks s'étonne alors qu'un vendeur de livres soit si "mal à l'aise" avec le premier amendement, qui garantit la liberté d'expression... Quant à EveryDNS, qui fait le lien entre l'adresse WikiLeaks.org et les serveurs d'hébergement, il a lui aussi abandonné, faute de pouvoir résister aux attaques incessantes de pirates informatiques. "Qui est terrorisé ?" "La première guerre de l'information a commencé. WikiLeaks est le champ de bataille. Vous êtes les troupes", avance sur Twitter John Perry Barlow, cofondateur de l'influente Electronic Frontier Foundation (EFF), connu pour avoir publié en 1996 la "Déclaration d'indépendance d'Internet". Mais "si WikiLeaks est terroriste, qui est terrorisé ?" s'interroge-t-il. Qu'importe, en France, où le site WikiLeaks a trouvé refuge après son éviction d'Amazon, c'est l'hébergeur OVH qui est ciblé. Éric Besson, ministre de l'Industrie et de l'Immigration, a demandé à ses services de trouver un moyen de faire fermer l'hébergement d'un site "intolérable". Dans le même temps, OVH demande aux juges de statuer, mais ceux-ci n'ont pas tranché et préfèrent attendre un vrai débat public. C'est, effectivement, ce qui manque depuis le début de l'affaire WikiLeaks. Jusqu'où la transparence se justifie-t-elle ? D'après:Lepoint.fr |
samedi 18 décembre 2010
WIKILEAKS - Vit-on la première guerre de l'information ?
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