samedi 18 décembre 2010

Top 25 artistes de l'année


En 1990-1991, à la faveur de l’émission Course Destination Monde qui lui fait visiter toute l’Asie, Denis Villeneuve découvre la Jordanie (et remporte, en passant, la Course). Près de 20 ans plus tard, c’est en Jordanie qu’il veut et va tourner certaines des scènes les plus marquantes de son film Incendies – et du cinéma québécois aussi. Ce film, tiré de la pièce de Wajdi Mouawad et qui tient à la fois du thriller, de la tragédie grecque et du drame de guerre, a exigé cinq ans d’acharnement de la part du réalisateur. Cinq ans pour écrire, réécrire, recommencer, reprendre, remonter – et même tourner un autre film, l’inoubliable Polytechnique. Depuis sa sortie en septembre, Incendies n’a cessé de cumuler les prix et distinctions : meilleur film de la section Venice Days à la Mostra de Venise, prix du meilleurs film canadien au Festival international de Toronto (de même que celui d’Halifax, de Sudbury, de Calgary, de Vancouver…), prix du public au Festival international du film francophone de Namur, Grand prix du Festival au Festival international du film de Varsovie, trois prix à la Semaine du cinéma international de Valladolid en Espagne… Jusqu’ici, pas moins de 11 prix, dont le nombre pourrait s’élever, Incendies étant également présenté dans d’autres festivals dans les semaines à venir, y compris le très prestigieux Festival du film de Sundance en Utah. Tout cela sans oublier que le film a été choisi pour représenter le Canada dans la course aux nominations pour le prix du Meilleur film en langue étrangère, en vue de la 83e cérémonie des Oscars, à Hollywood, en février prochain. Déjà, par cette reconnaissance nationale et internationale, Denis Villeneuve se distingue. Mais il a frappé un tout aussi grand coup au Québec même, où son film, loin des habituels blockbusters, comédies et films d’actions à l’américaine, a dépassé le cap des deux millions de dollars en recettes ! Un exploit en soi… - Marie-Christine Blais
À 35 ans, Yannick Nézet-Séguin est toujours sur une lancée dont les limites sont constamment repoussées. En tout début d’année, il a été couvert d’éloges pour sa direction de l’orchestre du Metropolitan Opera dans l’opéra Carmen de Bizet. Le mois dernier, il remettait ça au Met dans Don Carlo de Verdi, la deuxième des cinq nouvelles productions dont on lui a confié la direction musicale, du jamais vu dans l’histoire de cette prestigieuse institution pour un chef qui n’y avait jamais officié auparavant. En plus de diriger l’Orchestre Métropolitain et l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, qu’il est venu nous présenter en février, d’être le premier chef invité de l’Orchestre Philharmonique de Londres et de travailler aussi bien à Covent Garden et à la Scala de Milan qu’avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin, voilà que Yannick Nézet-Séguin hérite de la direction de l’un des orchestres symphoniques les plus prestigieux au monde : celui de Philadelphie dont il deviendra le plus jeune chef de l’histoire en 2012. On dit déjà de lui qu’il est l’héritier en droite ligne des grands Leopold Stokowski et Eugene Ormandy sinon le sauveur de cet orchestre qui a connu des difficultés financières. Pour Yannick Nézet-Séguin, « sky’s the limit », comme disent les anglos.
- Alain de Repentigny
Robert Lepage a toujours eu le don d’ubiquité, mais rarement a-t-il autant fait parler de lui pour ses réalisations à l’étranger et pour ses créations chez nous que cette année. Sa mise en scène de Das Rheingold, premier volet de l’ambitieuse Tétralogie de Wagner, a fait l’objet de la prestigieuse soirée d’ouverture de la saison du Metropolitan Opera de New York. Ce public conservateur l’a chaudement applaudi et la critique internationale a emboîté le pas. Lepage a également récolté des éloges pour son audacieuse production du Rossignol et autres fables de Stravinsky au festival d’opéra d’Aix-en-Provence. Chez nous, on a pu apprécier Totem, son premier spectacle sous chapiteau pour le Cirque du Soleil, une autre réussite populaire et critique. Quelques mois plus tôt, il nous avait séduits avec Lipsynch, sa fresque théâtrale en neuf tableaux d’une durée de huit heures et demie, dont les premiers balbutiements publics dataient de 2007. Ce ne sont là que quelques-unes des créations de Lepage à parcourir le monde. Partout, on a applaudi l’imagination et le cran de ce grand créateur qui n’a pas raté une occasion de réaffirmer le plaisir qu’il éprouve à travailler dans les contraintes et à s’attaquer à des oeuvres réputées injouables.
- Alain de Repentigny
Cet automne, quasi-catastrophe : en raison d’un « malentendu », les sketchs de Marc Labrèche tirés de son émission hebdomadaire 3600 secondes d’extase sont retirés de YouTube… Devant le tollé, ils y sont revenus, à la demande de dizaines de milliers d’ « addicts » qui veulent revoir le sketch sur la téléréalité de Claude Dubois, celui sur Anne-Marie Losique, ou Les rescapés, ou Fabienne Larouche, ou Julie Snyder interviewant à Céline Dion, etc. Pas étonnant que 3600 secondes (dont c’est la quatrième saison) ait remporté en 2010 un trophée Olivier et un prix Gémeaux, à titre de meilleure émission télé d’humour. C’est pourtant par un rôle touchant de père protecteur, loin de ceux qu’il interprète dans 3600 secondes que le comédien-humoriste de 50 ans s’est illustré dans le film André Mathieu : l’enfant prodige. Grosse année aussi pour la « voix » de Labrèche, entendue tant dans le film d’animation Détestable moi (le personnage principal Gru) que les annonces radio d’Ikea. « Sa public » devrait, en 2012, apprécier son premier film comme réalisateur, intitulé Le cri du rhinocéros.
- Marie-Christine Blais
Le rayonnement international du groupe Arcade Fire en fait un grand ambassadeur de Montréal et en particulier de sa scène rock anglophone. Son album The Suburbs est l’un des disques marquants de 2010 comme en témoigne sa présence dans le palmarès de fin d’année de nombreuses publications et trois mises en nomination aux Grammys. Le groupe a aussi été plus visible que jamais sur les scènes du Québec : il a lancé sa tournée mondiale avec deux concerts à Sherbrooke en juin, offert un concert gratuit à Longueuil devant 10 000 fans, s’est produit en tête d’affiche au festival Osheaga et a électrisé environ 45 000 spectateurs sur les Plaines d’Abraham en juillet. Arcade Fire a aussi déployé beaucoup d’énergie pour venir en aide à Haïti, en soutenant l’organisme Partners In Health.
- Alexandre Vigneault
Année olympique pour Marie-Mai, qui a entamé l’année chantant à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver – une des rares artistes à s’y exprimer en français ! La suite tient du marathon : son spectacle Version 3.0 s’arrête trois fois au Centre Bell dans le cadre de sa tournée de plus de 70 représentations, tournée couronnée par un Billet d’or (50 000 billets vendus) ; son duo avec David Usher, Je repars, trône sur les palmarès ; la chanteuse de 26 ans est choisie par Sony Canada pour un duo virtuel avec Elvis Presley (Love Me Tender) sur l’album Viva Elvis, inspiré du spectacle du Cirque du Soleil. Elle a aussi remporté le trophée Personnalité de l’année au gala KARV (Vrak.TV), chanté au match d’ouverture des Alouettes, etc. Mais surtout, elle gagne deux Félix, ceux de l’Album rock de l’année pour Version 3.0 et de l’Interprète féminine de l’année, et présente le meilleur numéro pendant le gala de l’ADISQ. Marie-Mai fera escale une ultime fois au Centre Bell en mai prochain.
- Marie-Christine Blais
Quel magnifique destin pour Ru, ce premier roman au titre énigmatique, qui a pris tout le monde par surprise. La sobriété et la noblesse remarquable de ce récit autobiographique d’une famille des boat people a séduit la critique et le grand public, au Québec comme en France, ce qui a valu à son auteure en mars le Grand prix RTL-Lire, et, tout récemment, le Prix du Gouverneur général dans la catégorie roman, et cela, devant Dany Laferrière et Marie-Claire Blais. Le plus beau dans tout cela est qu’il s’agit, paraît-il, du premier volet d’une trilogie. Parions que Kim Thuy nous réserve encore de belles surprises.
- Xxxxxxx
Xavier Dolan avait étonné tout le monde avec son premier film, J’ai tué ma mère, en 2009. Il a confirmé cette année ce talent brut avec Les amours imaginaires, charmant exercice de style sur le thème de la déception amoureuse. Lancé au Festival de Cannes, il fut le premier film québécois présenté en sélection officielle (Un certain regard) depuis Les invasions barbares, en 2003. Après une belle carrière au Québec, le film a reçu un accueil médiatique exceptionnel en France, où il a attiré plus de 150 000 spectateurs. À 21 ans, Xavier Dolan attire déjà les plus grands. Nathalie Baye sera de son prochain film, Laurence Anyways, une coproduction dotée d’un budget de 10 millions de dollars, dont le tournage doit commencer en février.
- Marc Cassivi
Réinventer Les belles soeurs n’était pas une mince affaire. René Richard Cyr a pourtant magnifié ce chef d’oeuvre, en le transformant en un théâtre musical extrêmement divertissant sans toutefois le dépouiller de son caractère tragique. Le metteur en scène, qui signait également l’adaptation, a adroitement canalisé le talent d’un compositeur inspiré, Daniel Bélanger, et d’une distribution de haute tenue dont Marie-Thérèse Fortin, Guylaine Tremblay et Maude Guérin étaient les têtes d’affiche. L’aventure de Belles-soeurs est loin d’être terminée : le spectacle entreprend une tournée québécoise en mars 2011, doit être monté en anglais à Toronto d’ici 2012 et pourrait également être présenté à Paris par la distribution originale.
- Alexandre Vigneault
Qu’un groupe du Québec gagne le prestigieux prix Polaris du meilleur album canadien de l’année, c’est une chose. Que ce groupe soit francophone, cela représente un grand tournant pour la musique québécoise. Non seulement Louis-Jean Cormier a fait Les chemins de verre – album alternatif de l’année à l’ADISQ – avec ses complices de Karkwa, il a réalisé cette année le deuxième album du magnifique projet de Douze hommes rapaillés, en plus de cosigner la réalisation et les arrangements des chansons de l’opéra-folk des Filles de Caleb. Prochaine étape : la sortie des Chemins de verre en Europe au mois de février.
- Émilie Côté
En septembre, à la remise des Gémeaux, Guy Nadon a remporté deux prix d’interprétation dans les catégories « dramatiques » : celui du meilleur premier rôle masculin pour Aveux et celui du meilleur acteur de soutien pour Musée Eden. Un doublé et aussi une double première pour l’acteur qui, malgré ses 36 ans de carrière, n’avait jamais été primé aux Gémeaux. D’une certaine façon, cet acteur renversant a été l’une des révélations de l’année en cours. Une révélation en ce sens qu’il a su se surpasser et surprendre malgré les qualités qu’on lui reconnaît depuis si longtemps — nommément cette voix superbe et l’humanité vibrante qu’il apporte à ses personnages. Guy Nadon s’est illustré une fois de plus sur les planches du TNM ces dernières semaines dans Le dieu du carnage.
- Alexandre Vigneault
La carrière de son roman L’énigme du retour, couronné par le prix Médicis 2009, a pris une tournure imprévue au début de 2010, lorsqu’il a survécu au séisme dévastateur en Haïti. Seulement quelques jours après, Dany Laferrière était à Montréal pour aller chercher le prix de la Personnalité de l’année – La Presse à Montréal. Cette distinction, décidée bien avant la tragédie, donne une bonne idée de ce que fut l’année 2009 pour l’écrivain, mais les circonstances ont dilaté le rayonnement déjà considérable de son roman. Rayonnement qu’il a utilisé au profit de son pays brisé, puisqu’il a multiplié les entrevues et les textes dans les médias sans se ménager, en plus de participer à tous les événements solidaires d’Haïti. Infatigable, il a en plus écrit Tout bouge autour de moi, le récit de son expérience du 12 janvier, dont une nouvelle version pour le public français sera lancée bientôt chez Grasset.
- Chantal Guy
Au départ, Simon-Olivier Fecteau souhaitait travailler sur En audition avec Simon « en attendant » que ses projets de films aboutissent. « Je n’avais même pas espoir de faire de l’argent avec ça », admet-il. L’ex-membre des Chick’n Swell s’est toutefois fait prendre à son propre jeu. Depuis la mise en ligne des premiers épisodes en mars 2010 sur le site de Tou.tv, cette webémission – qui met en scène un réalisateur chiant (Simon-Olivier Fecteau) et son assistant (Étienne de Passillé) passant en entrevue des artistes connus – a généré quelque deux millions de branchements. « Je ne pouvais pas prévoir que ça marcherait comme ça », ajoute-t-il. Devant un tel succès, les internautes peuvent-ils s’attendre à une troisième saison en 2011 ? Le principal intéressé jongle avec l’idée, mais n’a pas encore pris de décision définitive. À suivre…
- Nathaëlle Morissette
Le 22 janvier dernier, quelques jours après le terrible séisme qui a dévasté son île natale, la soprano Marie-Josée Lord a interprété avec maestria Le monde est stone lors du téléthon Ensemble pour Haïti, entourée des chanteuses Luce Dufault, Patsy Gallant, Martine St-Clair… Ce n’était pas un hasard : à l’instar de son confrère Marc Hervieux, la jeune femme entend abattre le mur entre art lyrique et chanson populaire. Depuis 2003, celle dont tous louent la pureté de timbre, ainsi que sa générosité et son abandon quand elle chante, mène une carrière étonnante : pas diva, mais divine ! Qu’elle incarne Mimi, Carmen, la Marguerite de L’air des bijoux ou Marie-Jeanne dans Starmania (qu’on peut toutes entendre sur son premier album éponyme, lancé en novembre), Miss Lord témoigne de la même intensité et de la même ouverture – la jeune femme élevée à Lévis ouvre d’ailleurs son spectacle solo Bouillon avec… Les gens de mon pays de Vigneault ! Elle sera coprésidente d’honneur du prochain Montréal en lumière, aux côtés de la comédienne française Carole Bouquet.
- Marie-Christine Blais
À pareille date l’an dernier, ce sont surtout les gens avertis du domaine de la mode qui connaissaient Denis Gagnon. Aujourd’hui, les lunettes noires Lanvin du designer ont fait autant leur marque que celles de Xavier Dolan. Les médias ont abondamment parlé de Denis Gagnon dans la dernière année, et pour cause : il y a eu un documentaire sur son œuvre en plus d’une exposition au Musée des beaux-arts de Montréal, et il a signé une collection pour le grand public dans les magasins Bedo. Un bel anniversaire pour les dix ans de carrière du roi de la fermeture éclair.
- Émilie Côté
Le jeune humoriste, qui a fait une entrée fracassante dans le monde de l’humour il y a quelques années, a terminé la tournée de son premier one-man-show, Arrête ton cinéma ! , au terme de 400 représentations qui ont ravi plus de 300 000 spectateurs. Depuis, Rachid Badouri est devenu l’un des incontournables de l’humour. Il a eu sa propre émission de télé, Peut contenir des Rachid, il vient de lancer le DVD de son spectacle, et il réalise en plus un autre rêve : celui d’être acteur. On peut le voir aux côtés de Guy A. Lepage dans L’Appât, la comédie d’Yves Simoneau. Et 2011 risque d’être tout aussi flamboyante pour Badouri, puisqu’il a décidé d’aller conquérir la France...
- Chantal Guy
Daniel Grou, dit Podz, a imposé son style de réalisation à la télévision, avec Minuit, le soir et C.A. entre autres. En 2010, il a parfaitement réussi sa transition au cinéma. Non seulement avec son premier film, Les 7 jours du talion, un thriller puissant, aussi dur que subtil, tiré d’un roman de Patrick Senécal, mais aussi son deuxième long métrage en moins d’un an, 101⁄2, une oeuvre brute sur la rage d’un enfant (Robert Naylor, d’un naturel désarmant) hypothéqué par les abus répétés de parents démunis. Deux films où il a poursuivi une collaboration avec l’acteur Claude Legault.
- Marc Cassivi
En pleine commémoration du 40e anniversaire des événements d’Octobre, l’écrivain Louis Hamelin a balancé ce pavé, La constellation du lynx, un roman auquel il a consacré dix ans de sa vie. Alors que les mêmes mystères planent autour de la mort du ministre Pierre Laporte, l’écrivain utilise la fiction pour étayer ses thèses et ses réponses. Résultat : un récit épique, qui nous plonge littéralement dans l’une des époques les plus troubles de notre histoire, salué unanimement par la critique, en lice pour de nombreux prix.
- Chantal Guy
Elle est l’une des jeunes femmes réalisatrices les plus talentueuses du Québec et son sujet de prédilection est le sort des enfants écorchés par la vie. En 2010, elle a aussi révélé au public son talent d’auteur, en publiant chez Hurtubise Je voudrais qu’on m’efface, un livre portant sur des jeunes battants d’Hochelaga-Maisonneuve qu’elle a côtoyés à la fondation du Dr Gilles Julien. En 2010, elle a aussi réalisé le documentaire Se souvenir des cendres, présenté en marge du film Incendies, dans lequel elle a donné la parole à des figurants et autres témoins du tournage qui ont vécu la guerre. C’est sans compter sa nomination aux Gémeaux pour son documentaire Les Petits géants, réalisé avec son amoureux Émile Proulx-Cloutier, sur la gestation d’un spectacle inspiré de l’opéra Un bal masqué de Verdi dans une école primaire. En plus, Anaïs Barbeau-Lavalette vient de donner naissance à son premier enfant. Une grande année pour elle.
- Émilie Côté
En mars, Béatrice Martin, alias Coeur de Pirate, gagne trois trophées Victoires à titre d’interprète, d’auteure et de compositrice de la chanson de l’année en France, Comme des enfants. L’Olympia de Paris plein à craquer lui fait un triomphe. Son premier album franchit le cap des 300 000 exemplaires vendus et le Félix de l’artiste s’étant le plus illustré hors du Québec lui revient de droit. Aux FrancoFolies montréalaises, elle impressionne par son assurance en livrant un spectacle solide devant une foule détrempée. On a hâte d’entendre le mini-album en anglais enregistré avec son copain Jay Malinowski et surtout son très attendu deuxième album.
- Alain de Repentigny
Reprise de Woyzeck à l’Usine C en mars, reprise de Douleur exquise au Quat’Sous en mai, création célébrée en novembre d’une nouvelle version de La nuit juste avant les forêts (avec Sébastien Ricard), texte de Bernard-Marie Koltès auquel elle s’était déjà mesurée il y a une décennie, le talent de Brigitte Haentjens a été abondamment célébré en 2010. Point d’orgue à cette année faste, il a été annoncé en septembre que la metteure en scène succédera à Wajdi Mouawad à la tête du Théâtre français du Centre national des arts d’Ottawa. Brigitte Haentjens sera « directrice artistique désignée » dès l’automne 2011, avant d’assumer totalement la direction artistique de cette institution à compter de la saison 2012-2013. Elle est la première femme à occuper ce poste.
- Alexandre Vigneault
Les efforts acharnés du pianiste Alain Lefèvre pour faire connaître le compositeur québécois André Mathieu ont connu une forme d’aboutissement en 2010. Le 9 mai, Lefèvre a joué le Concerto no 4 de Mathieu à l’Exposition universelle de Shanghai où L’enfant prodige a été projeté en première mondiale. Ce film de Luc Dionne sur Mathieu n’a pas obtenu le succès escompté, mais on a vanté le jeu virtuose de Lefèvre, son directeur musical. En plus d’un Félix et d’un Juno, Lefèvre a remporté le prix Personnalité de l’année Radio au concours international AIB Media Awards, à Londres, pour son travail d’animateur à Espace Musique.
- Alain de Repentigny
Pas de machine à la Star Académie derrière Bobby Bazini… ce qui n’a pas empêché le longiligne jeune homme de 21 ans de vendre plus de 80 000 exemplaires (disque platine) de son premier album, le bien bon Better in Time, en neuf mois ! Pas mal pour un gars extrêmement timide (né Bazinet) qui écrivait ses chansons dans sa chambre de Mont-Laurier, chez sa grand-mère, dans les Laurentides, en écoutant Johnny Cash et les Doors. Vraiment pas mal pour un chanteur à la voix étonnante, celle d’un homme qui aurait beaucoup vécu, mais qui se retrouverait par mégarde dans un corps d’une vingtaine d’années. Dépourvu de prétention et d’affectation, Bobby Bazini a d’ailleurs remporté le Félix du meilleur album anglophone cette année, et sa tournée, en compagnie de ses cinq jeunes excellents musiciens, a fait des merveilles, tant au Festival de jazz de Montréal (où il a eu droit à une supplémentaire) que partout au Québec, mais aussi à Paris (où il a participé à l’émission Taratata) , Zurich, bref en Europe… En 2011, le séduisant et filiforme Bobby poursuit sa tournée des deux côtés de l’Atlantique, tout en zyeutant le Canada anglais.
- Marie-Christine Blais
En cette ère de « siliconisation » et de chirurgie esthétique effrénées, il y a quelque chose d’éminemment sain à regarder et aimer Antoine Bertrand. Non, pas parce qu’il est « enveloppé » comme dirait Obélix, mais bien parce qu’il fait finalement mentir tous les castings. De 2002 à 2008, on voyait le grand « 6 pieds 2 pouces, 300 livres » quasi uniquement dans des rôles de gros (Patrick dans Virginie, Junior dans Les Bougon). Mais en 2010, c’est la variété de ses rôles qui a frappé : amoureux pathétique dans la très courue pièce Porc-épic ou auteur naïf dans l’excellente pièce Le Pillowman (actuellement à Québec et en supplémentaire au Rideau Vert, en janvier) ; coanimateur enjoué et pas politically correct de l’émission Les enfants de la télé ; amant en nu intégral pertinent dans la dernière émission de la télésérie C.A. ; colon de Nouvelle-France et chasseur de loup dans le film Le poil de la bête (plus apprécié du public que de la critique, Le poil sort en DVD dans quelques semaines…). Que nous réserve-t-il pour 2011 ? Il paraît qu’il a une belle voix de ténor...
- Marie-Christine Blais
Des amis en commun et le hasard de la vie font en sorte que nous avons déjà donné un lift à Bernard Adamus, il y a environ trois ans. On savait qu’il grattait de la guitare dans ses temps libres comme bien d’autres, mais sans plus. Sauf qu’Adamus n’est pas comme les autres et il est la preuve que le talent peut mener loin. Le poète-bluesman a remporté à peu près tous les concours de la relève dans la dernière année, succès qui a culminé au dernier gala de l’ADISQ avec le prix de la Découverte de l’année. Comme dirait Adamus, « vive la vie ».
- Émilie Côté

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