mardi 28 décembre 2010

Orthorexie: quand bien manger devient malsain

L'orthorexie, ou l'obsession de la nourriture saine, se... (Photothèque Le Soleil)
 Toute vertu peut finir par avoir des effets pervers.
En cette ère d'obésité galopante où bien s'alimenter devient un objectif pour bon nombre de gens, un nouveau désordre alimentaire s'est installé en douce, celui de l'obsession de manger sainement, aussi nommée orthorexie.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un trouble alimentaire reconnu com­me pathologie mentale au même titre que la boulimie ou l'anorexie, l'orthorexie renvoie tout de même à des comportements déséquilibrés par rapport à l'alimentation, explique Josée Guérin, nutritionniste et psychothérapeute reconnue par la Société québécoise des psychothérapeutes professionnels.
La professionnelle fait remarquer d'entrée de jeu que tous les désordres alimentaires s'inscrivent dans un continuum. Les problèmes ne surgissent pas du jour au lendemain, mais petit à petit, lorsqu'une attitude devient de plus en plus rigide.
Ainsi, l'orthorexie part généralement d'un intérêt normal pour une alimentation saine. C'est lorsque cet intérêt tourne à l'obsession qu'il y a problème.
Il est difficile de bien connaître l'ampleur de ce désordre, puisque ceux qui en souffrent sont habituellement en bonne santé physique. Ce n'est que lorsque leur santé psychologique est grandement affectée qu'ils se décident parfois à consulter un professionnel, dit celle qui a fondé une clinique privée des troubles alimentaires à Laval.
Tout comme les personnes anorexiques ou boulimiques, les orthorexiques peuvent ressentir une grande anxiété à l'approche des Fêtes. Car pour ces personnes, faire ripaille a rarement la même définition que pour leurs proches. Comment en effet concilier l'abondance de gras trans et de sucre que comportent la plupart de nos repas des Fêtes avec l'interdiction totale que l'on se fait d'en consommer? Comment accepter d'aller manger chez l'oncle Gérard, où l'on n'aura aucun contrôle sur ce qui se trouve dans notre assiette?
Ce besoin de tout contrôler finit d'ailleurs par être cause d'isolement des maniaques du bien-manger, qui refuseront toute invitation chez les amis ou au restaurant.
Comportements envahissants
Lire chaque étiquette, calculer chaque gramme de sel contenu dans les aliments, vérifier le mode de production de chaque fruit, s'assurer d'avoir un apport bien précis en oméga-3, fuir les OGM et les colorants sont autant de manies pouvant devenir fort envahissantes, en particulier au moment de faire l'épicerie.
Planifier les repas devient une tâche de longue haleine pouvant s'étirer sur plusieurs jours.
«La personne devient de moins en moins fonctionnelle dans son quotidien, il s'installe une rigidité croissante», dit Mme Guérin.
Cette professionnelle voit dans cette attitude l'effet de notre société industrialisée, où le stéréotype du corps parfait est synonyme de bonheur et de performance. Pour l'orthorexique, la perfection n'est d'ailleurs pas uniquement physique, mais d'ordre spirituel. S'imposer de toujours bien manger a alors une connotation de pureté intérieure.
Celle qui enseigne également à l'Université de Montréal a fait un petit test avec ses étudiants, leur demandant de réfléchir à leur propre rapport à la nourriture. «C'est fascinant de voir à quel point beaucoup n'ont pas une relation saine avec la nourriture.»
Elle se réjouit de voir de nouveaux mouvements émerger en faveur de la reconnaissance de la diversité des corps. Mais la lutte est difficile, souligne-t-elle.
On peut approfondir sa réflexion sur ses propres comportements avec le test de Bratman sur Internet.
source:cyberpress

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