dimanche 26 décembre 2010

Obama, bravo l'artiste

Obama, bravo l'artiste !
Il y a deux mois, Barack Obama était laminé par ce qu'on a appelé le
"shellacking", la déroute, soit l'élection humiliante qui le privait concrètement de majorité jusqu'au terme de son premier mandat. Or, si novembre a été pour lui un calvaire, décembre a souri à ses audaces. En lançant, comme un bon stratège, une offensive parlementaire à gauche, après avoir réussi quelques jours plus tôt une percée à droite, le président a touché le jackpot : d'abord, il a retourné en sa faveur l'opinion majoritaire, qui préfère les chefs d'État qui ont des idées, mais ne se montrent pas partisans. Ensuite, fort du consensus obtenu sur un sujet de société et sur une mesure de relance fiscale, il est parvenu à faire ratifier le traité de désarmement Start signé avec les Russes, sur lequel aucun observateur de la vie politique américaine ne misait un kopeck il y a à peine quinze jours. Du coup, moins de cinq semaines après son échec électoral, il termine l'année tellement en beauté qu'on voit mal aujourd'hui qui pourrait l'empêcher d'être réélu en 2012. De quoi peut-être donner des envies à ceux qui, comme Nicolas Sarkozy, sont à la peine en attendant une problématique embellie de leur cote de popularité.
Sur le plan social, Obama avait choisi le premier jour de l'hiver pour signer les décrets d'application d'une loi qui réchauffe le coeur d'un grand nombre d'Américains jusqu'alors privés d'une partie de leurs droits de citoyens en raison de leur appartenance à une minorité sexuelle : depuis le 22 décembre, les homosexuels des deux sexes n'ont plus besoin de se cacher pour s'enrôler dans l'armée. La règle hypocrite qui prévalait jusqu'alors, "don't ask, don't tell", autrement dit "on ne vous demandera rien, mais n'en dites rien", est oubliée. Elle permettait, en réalité, de bannir ou de barrer de l'armée des États-Unis tous ceux qui refusaient de cacher leur homosexualité. 
En réussissant à traduire dans la loi les moeurs de notre époque - ce à quoi n'était pas parvenu un autre président démocrate, Bill Clinton, et ce à quoi ne s'était pas risqué son successeur républicain -, l'actuel président a non seulement montré qu'il est un très habile manoeuvrier politique, mais il a rassuré ses électeurs les plus progressistes. Ceux-là mêmes qu'avait défrisés la décision prise par Obama, le 6 décembre, de faire voter par le Sénat la reconduction des baisses d'impôts en faveur des plus riches, décidée par George Bush.
Le troisième acte est du grand art : appelant à la rescousse aussi bien Henry Kissinger, le secrétaire d'État de Richard Nixon, que Colin Powell, celui de Georges Bush, Obama a mobilisé, sans distinction d'appartenance partisane, toutes les bonnes volontés parlementaires pour faire ratifier par le Sénat le 22 décembre - donc avant la fin de l'année, comme il s'y était engagé, le 6 avril, en le signant, à Prague, avec le président russe Medvedev - le nouveau traité de désarmement nucléaire Start. Un joli succès de politique étrangère, car il lui permet de continuer à espérer que les Russes soutiendront la politique américaine, particulièrement à l'égard de la menace nucléaire iranienne. Et une victoire parlementaire à l'arraché. Car, dès le 5 janvier, les nouveaux élus républicains de novembre siègeront au Congrès, comme au Sénat. Et comme le dit l'ancien candidat républicain John McCain : "Il ne faudra pas attendre de nous que nous fassions semblant de nous aimer les uns les autres."
source:lepoint

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