samedi 18 décembre 2010

Des coups pour tous les goûts

Netflix... (Photo: AP)
Un logo qui sème l'émoi, des comédiens payés pour se faire passer pour des passants, des lunettes qui font le tour du monde... Chaque année est marquée, pour les entreprises, agences et gouvernements, de bons et moins bons coups, coups bas et coups reçus dans le sternum. On vous en remet ici quelques-uns en mémoire.
Gap: retour à la case bleue
Un nouveau logo présenté en douce sur son site internet, et paf! la commotion sur les réseaux sociaux! En octobre, Gap a dû gérer une crise d'image après avoir simplement affiché ses nouvelles couleurs, des lettres noires ornées d'un petit carré bleu, sans annonce officielle. Pour tenter de sauver la face devant les nombreux messages de mécontentement («C'est comme si un enfant l'avait fait!»), l'entreprise a d'abord dit publiquement qu'elle garderait le logo remanié, qu'elle était heureuse de constater que celui-ci déclenchait autant les passions et qu'elles attendaient de la part des détracteurs d'autres suggestions  de design... Puis, une semaine plus tard, repentante et avouant qu'elle avait manqué le bateau des médias sociaux, la présidente Marka Hansen annonçait le retour du logo bleu des 20 dernières années. Combien de millions dépensés pour rien?
Netflix embauche de faux convertis
Pour donner de l'envergure au lancement canadien de son service de vidéos et films en ligne, Netflix a fait fermer une rue de Toronto et engagé des acteurs qui se sont fait passer pour des passants «maniaques de cinéma, mordus de techno», en septembre. Le hic? En les interviewant, les journalistes ont rapidement découvert l'astuce. Pire, ils ont appris que les figurants avaient reçu notamment comme recommandations de paraître «très excités, surtout s'ils se prononcent sur l'arrivée imminente du service de Netflix». Prise en flagrant délit, l'entreprise a été obligée de s'excuser le lendemain. «Les figurants n'auraient pas dû parler aux journalistes», a étonnamment résumé un porte-parole de Netflix!
American Apparel tout nu dans la rue (ou presque)
Ventes à la baisse, titre qui plonge, accusations de harcèlement sexuel, d'embauches illégales, menaces de radiation de la Bourse de New York, plainte d'actionnaires... Il est de moins en moins hip de revêtir les cotons d'American Apparel. En août, l'entreprise déclarait des pertes de plus de 40 millions, un endettement de 120 millions et une baisse des ventes dans ses 279 magasins de 16%. Le titre d'American Apparel autant que son PDG montréalais, qui se pavanerait parfois devant ses employés en sous-vêtements (!), selon le Los Angeles Times, ont connu une année tumultueuse. De 3,84$ en mars, l'action a chuté à 0,71$ en août, pour remonter à 1,70$ en décembre. Quant à Dov Charney, en un an, il a réussi à noyer dans un fleuve de fracassantes révélations les bonnes intentions de production entièrement menée aux États-Unis et respectueuse de l'environnement ainsi que l'annonce de sophistication de sa marque.
Le iPhone 4... pour droitier
Dur, dur d'être un fan d'Apple quand on est un gaucher! Pour une rare fois, en juin dernier, Steve Jobs a essuyé des plaintes au lancement d'un de ses produits. Plusieurs usagers du iPhone 4 se sont rapidement plaints de communications interrompues en posant l'appareil sur leur oreille gauche, à cause de la position de son antenne. Sa surface vitrée rendrait aussi le téléphone intelligent plus fragile et susceptible de se briser. Le PDG d'Apple est resté muet trop longtemps au goût de certains. Ce dernier a en effet mis trois semaines et attendu que le titre d'Apple baisse de 6% pour donner des explications, préciser que seulement 1% des appareils étaient en cause et annoncer que le problème se réglait par la simple pose d'un étui en caoutchouc, qu'il a offert gratuitement aux usagers. Des dommages? En trois semaines aux États-Unis, le iPhone 4 s'est envolé à trois millions d'exemplaires...
Le volcan maléfique
En avril, en moins de temps qu'il n'en faut pour mal épeler Eyjafjallajökull, six millions de tonnes de cendres crachées par un volcan islandais ont paralysé l'industrie aérienne et fait rager des millions de voyageurs. Résultat? Ce qui s'annonçait d'abord comme un caprice de Dame Nature est devenu un problème mondial pendant une semaine. L'Association internationale du transport aérien a rapidement estimé à 200 millions les pertes quotidiennes de l'industrie. La capitalisation de Ryanair a baissé de 100 millions en un jour. Plus de 310 aéroports ont été touchés. Les élans du volcan ont compromis les funérailles du président de la Pologne Lech Kaczynski. On a aussi parlé de greffes de moelle osseuse reportées, d'exportations de fleurs retardées, de rencontres sportives et concerts annulés. «Les perturbations les plus graves depuis la Deuxième Guerre mondiale» a-t-on écrit. Seuls les résidants en bordure des aéroports ont pu s'incliner vers l'Eyjafjallajökull pour le répit accordé à leurs oreilles.
Le paradis (fiscal) pour Revenu Québec
La création de l'Agence de revenu du Québec pour combattre l'évasion fiscale est une bonne initiative. Mais encore faut-il qu'elle s'installe dans un édifice sans histoire! En juillet, le collègue Francis Vailles dévoilait que la nouvelle Agence, crée le 1er avril, avait signé un bail de cinq ans pour s'établir au 440, boul. René-Lévesque Ouest, à Montréal. Le bureau, loué pour 37 000$ par mois, est bien situé, juste à côté du Complexe Desjardins où loge Revenu Québec. Or, le propriétaire de l'édifice, la société à numéro 9041-7775 Québec inc., est l'entreprise Bellatrix Holdings, située dans les îles Vierges britanniques, un paradis fiscal. De plus, depuis dix ans, cette adresse est au centre d'une dispute entre un promoteur immobilier et son fils et d'une fraude de 11 millions. Oups! ... Si tout a été fait dans l'ordre des choses pour la location, dixit Revenu Québec, la mention de paradis fiscal rend les exigences de transparence du gouvernement moins crédibles.
Oakley super star
La planète a suivi le sort de 33 mineurs coincés à 700 pieds au fond de la mine San José, au Chili, pendant 69 jours. Puis, le 13 octobre, on les a vus un à un sortir de leur trou émus, épuisés, heureux et portant tous des lunettes soleil Oakley. À l'initiative d'un journaliste chilien, le fabricant n'a pas hésité à envoyer 35 paires de lunettes Radar pour protéger les yeux des rescapés du soleil et des projecteurs. Un «cadeau» de 180$ l'unité, mais qui aurait valu à Oakley une visibilité de 41 millions de dollars, selon la firme Front Row Analytics. On rappelle que 2000 journalistes de 40 pays ont couvert l'événement. Parmi ceux-ci, Fox News a martelé le 13 octobre qu'un milliard de téléspectateurs suivaient le sauvetage des mineurs. Certains ont crié à l'opportunisme, d'autres ont qualifié l'entreprise de rusée. Qui pourra faire mieux maintenant en termes de placement à la fois subtil et utile?
L'Aubainerie en mode Véro
Rupture de stock comme pour le Kinect de Microsoft! C'est ce qui résume le mieux le succès remporté par la gamme de vêtements Véro, vendue à L'Aubainerie et créée à l'initiative du fournisseur Jcorp. En trois semaines, la majorité des 80 000 pantalons, chandails et pyjamas distribués dans 41 magasins de la chaîne ont trouvé preneuses. Déjà, le lendemain du lancement de la collection «inspirée de la garde-robe» de Véronique Cloutier, les morceaux se vendaient par centaines, au dire du PDG Norman Décarie. À la mi-novembre, l'entreprise n'a eu d'autre choix que d'annoncer sur sa page Facebook qu'une nouvelle collection Véro reviendrait en magasin (seulement) au printemps 2011. Surprenant? Tout y était pour faire converger la clientèle à L'Aubainerie: une animatrice chouchoute du grand public, qui a à sa portée des canaux de diffusion privilégiés, et des vêtements qui se vendent à moins de 30$. L'Aubainerie a déjà prévu faire entrer 20% de plus de morceaux dans ses magasins au printemps.
Quand Sid Lee côtoie Han Solo
Parmi les meilleures équipes de la Coupe du monde 2010, on compte celle formée de David Beckham, le rapper Snoop Dogg, Daft Punk, Han Solo et C3PO dans un message publicitaire de deux minutes dix secondes d'Adidas. Plusieurs pros du foot doivent lui envier sa popularité pendant l'événement sportif qui s'est déroulé en Afrique du Sud, en juillet. Le désormais célèbre message publicitaire la Cantina, conçu par l'agence québécoise Sid Lee, a été visionné plus de 4,7 millions de fois à ce jour sur Youtube. Et les honneurs sont mérités (même si on est loin du succès de la pub Write the Future de Nike), les créatifs de Sid Lee ayant fait preuve de beaucoup de patience pour mousser de façon originale l'association Star Wars avec la ligne de vêtements «style de vie» Originals d'Adidas. Ceux-ci ont  regardé la trilogie de George Lucas 11 fois et planché 18 mois pour trouver la scène parfaite à remanier à la sauce Adidas (commanditaire du tournoi de la FIFA). Consécration: une visibilité mondiale -- à défaut d'être interstellaire -- qui renforce les ambitions internationales de l'agence. Et, maintenant, pourquoi pas un ultime bourdonnement de vuvuzelas en guise d'appréciation?
Videotron sur la patinoire
Le 23 novembre, Videotron ouvrait ce que l'entreprise appelle son magasin-phare en plein centre-ville de Montréal et confirmait, du même coup, son saut dans le marché de la téléphonie mobile au Canada. Deux mois plus tôt, Videotron inaugurait effectivement son service 3G+ et devenait le quatrième fournisseur de taille, avec Bell, Rogers et Telus. Si les dirigeants de Quebecor, qui a investi un milliard dans l'aventure, sont restés muets au départ sur leurs visées, les analystes ont estimé que Videotron pourrait attirer jusqu'à 165 000 clients d'ici la fin de 2011 grâce à des forfaits séduisants et que tout était en place pour une guerre de prix à l'avantage des consommateurs. Deux ombres au tableau toutefois: des fréquences incompatibles avec les populaires iPhone et une lutte à finir avec BCE qui a rapidement mis en échec Videotron en ce qui concerne la retransmission sur téléphone mobile des matchs du Canadien de RDS et TSN (propriétés de BCE) à compter de l'automne 2011.
Warner joue à Montréal
Vingt millions de dollars en encouragement financier et crédits d'impôt, dont une subvention directe de 7,5 millions de la part de gouvernement provincial, ont rendu Montréal séduisante pour Warner Brothers Games. En mars dernier, ce joueur multimédia aux grandes ambitions (devenir le 5e mondial) a décidé de s'établir ici pour concevoir des jeux vidéo. «On a fait un spécial pour Warner parce qu'il s'agit d'une entreprise qui est très intégrée dans tous les domaines du divertissement. Son implantation devrait être très structurante pour tout ce secteur à Montréal», a dit Clément Gignac, ministre du Développement économique. Rapidement, après son arrivée, Warner a annoncé qu'elle recentrait ses activités autour de la production de jeux en ligne et pour téléphone intelligent. «Un marché en expansion», de dire le directeur du studio Martin Carrier, et qui nécessite des investissements de moins de 10 millions. Mais reste qu'on a réussi à attirer un géant par chez nous et qu'on promet toujours de créer 300 emplois en cinq ans.
Plus de force avec la Loi sur la protection du consommateur
Cet été, un grand pas a été franchi à l'avantage des consommateurs québécois. Désormais, ceux-ci n'auront plus à se soucier d'utiliser rapidement les coupons-cadeaux qu'ils reçoivent à Noël ou à leur anniversaire. Et une fois les achats effectués, les commerçants devront leur rendre la monnaie quand il reste un solde de 5$ ou moins sur la carte. Qui plus est, les consommateurs n'auront plus de surprises quant aux frais de résiliation associés à un contrat avec un fournisseur en télécommunication également. En 2010, Québec et l'Office de protection du consommateur ont réglé plusieurs dossiers suscitant de mauvaises surprises. Depuis le 30 juin, les dates d'expiration sur les cartes prépayées sont interdites par la Loi sur la protection du consommateur. Idem pour les cartes de téléphonie interurbaines prépayées. S'il reste des exceptions (sur les cartes prépayées pour les téléphones mobiles notamment) et, conséquemment, encore des sources de frustration, les modifications arrivent néanmoins comme des cadeaux sous l'arbre.
Joyeux Noël! 
selon la presse canadienne

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