Depuis l'échec retentissant de Copenhague l'an dernier, la diplomatie du climat cherche son air et la planète continue de se réchauffer.
Les délégués réunis à Cancún chercheront à s'entendre sur au moins deux sujets accessoires, un fonds de 30 milliards et un cadre pour financer la lutte contre la déforestation dans les tropiques. Une différence majeure entre Copenhague et Cancún: aucun chef d'État n'est attendu à la rencontre qui débute lundi.
Sans entente, l'espoir de voir un successeur au protocole de Kyoto va s'amenuiser, ont expliqué à La Presse des militants et consultants qui seront sur place.
Et les déclarations politiques du sommet de Copenhague, l'an dernier, vont rester sans suite, dont celle, cruciale, d'empêcher un «réchauffement dangereux» du climat, fixé à un maximum de 2 degrés Celsius.
«Il faut reconstruire la confiance entre les pays, dit Virginie Lambert-Ferry, de Greenpeace. À Copenhague, on s'est retrouvés coincés entre la Chine et les États-Unis. On a eu une approche tout ou rien. Mais il y a des sujets où des progrès sont plus faciles.»
«Ce qu'il nous faut, c'est un plan de match sur comment on va avoir une entente globale, dit Steven Guilbeault, d'Équiterre, qui copréside le Réseau action climat, un regroupement militant international. C'est ce qu'on avait fait à Berlin en 1995, ce qui avait ouvert la voie au protocole de Kyoto.»
Ce plan de match passe par la concrétisation d'une des promesses de Copenhague, la création d'un fonds permettant aux pays en voie de développement de lutter contre les changements climatiques et aussi de s'adapter à ses impacts.
Ce fonds doit démarrer avec une somme de 30 milliards, mais doit atteindre les 100 milliards annuellement, selon la Banque mondiale. Somme qui n'est rien comparativement aux 1000 milliards que coûteront annuellement les conséquences des changements climatiques, selon l'Agence internationale de l'énergie.
En créant ce fonds, on s'éloignerait de la logique de Kyoto, qui faisait porter aux pays développés tout le fardeau des réductions des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour la période 2008-2012. La logique acceptée à Kyoto en 1997: les pays industriels sont la source du problème, parce qu'ils sont responsables du carbone rejeté dans l'atmosphère depuis 150 ans.
Cependant, tous les acteurs importants ont abandonné cette logique pour la prochaine période, qui s'étendrait de 2013 à 2020.
Mais le passif de la pollution industrielle passée sera épongé avec des dollars, sans quoi il n'y aura pas d'efforts des pays émergents. «S'il doit y avoir une suite à Kyoto qui impose des obligations aux autres pays, dit l'économiste Jean Nolet, il doit y avoir une forme de reconnaissance de la part des pays développés qu'ils ont manqué à leurs engagements.»
Écoressources Carbone, la firme de M. Nolet, conseille la République démocratique du Congo et un groupe de pays voisins. «On va voir avec quels mécanismes on va financer la lutte contre la déforestation. On en était très près d'un accord là-dessus à Copenhague.»
Est-ce que l'avenir de la climato-diplomatie repose sur ces accords partiels? Ce ne sera pas suffisant, dit Philip Dunsky, un autre consultant en matière d'énergie et changements climatiques. Sa firme compte parmi ses clients plusieurs États américains qui ont mis en place des programmes de lutte contre les changements climatiques.
«Oui, ça prend des accords particuliers, mais il faut aussi un accord global pour que les capitaux se dirigent vers les meilleures solutions», dit-il.
La diplomatie climatique est encore à ses premiers pas, dit-il, avec le protocole de Kyoto. «On ne peut pas dire que Kyoto est un succès, mais ce n'est pas un échec non plus. Kyoto a réussi à mobiliser toute l'Europe.»
Les enjeux en chiffres??
194 pays signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques
20 000 participants au sommet
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